Première édition du festival Théâtre en Mai pour Maëlle Poésy depuis son arrivée à la direction du Théâtre Dijon Bourgogne, « premier acte artistique du nouveau projet du TDB » comme elle le confie. Si les écritures contemporaines y auront bien évidemment toute leur place, en écho avec le nouveau projet porté par la directrice, cette dernière rappelle aussi la place toujours importante des émergences théâtrales au sein du festival. Cette année, les compagnies invitées viendront de Norvège, d’Espagne, du Portugal, et le festival sera l’occasion de découvrir plusieurs artistes associés au nouveau projet porté par Maëlle Poésy.
Théâtre en Mai 2022 sera notamment l’occasion de découvrir le travail de Yngvild Aspeli, nouvelle artiste associée au TDB. La directrice du Nordland Visual Theatre adapte l’histoire de Dracula pour évoquer la folie et les recoins les plus sombres de l’âme humaine, en portant son attention sur l’une des premières victimes du vampire, Lucy. Au travers de marionnettes en grandeur nature, Yngvild Aspeli et cinq comédiens et comédiennes marionnettistes vont explorer la frontière poreuse entre vie et mort, morale et sauvagerie, humanité et animalité. Si certaines des créations, à l’image de Dracula Lucy’s Dream, se déroulent dans des univers fantastiques, d’autres se penchent sur le quotidien, comme Casa, où la metteuse en scène espagnole Lucía Miranda évoque la crise immobilière à travers un théâtre documentaire, composé à partir de témoignages réels, et recourant là encore aux marionnettes. D’autres créations vont traiter de la violence conjugale (L’âge de nos pères par le Collectif La Cavale), de la figure féminine et du sexisme (Solo par Teresa Coutihno) ou encore du drame des migrants (Sister par Roshanak Morrowatian, comédienne que l’on avait pu rencontrer au TDB dans la pièce de Maëlle Poésy Sous d’autres cieux).
Quant à Maëlle Poésy, elle présentera à Théâtre en Mai sa première mise en scène en tant que directrice avec Gloire sur la terre, un texte de l’autrice écossaise Linda McLean autour de la destinée de Marie Stuart. La pièce sera portée par six jeunes comédiens et comédiennes du dispositif d’accompagnement du TDB. Maëlle Poésy poursuit le concept du Théâtre à jouer partout initié par Benoît Lambert en créant les Passe-Murailles, petites formes pouvant être données hors les murs du théâtre. Citons encore la venue à Dijon de Tiago Rodrigues, qui recrée, vingt ans après, sa première pièce Chœur des amants, ajoutant un nouveau texte où l’on retrouve les amants treize ans plus tard. David Geselson, qui interprète le rôle de l’homme dans la pièce, sera aussi présent au tant qu’auteur et metteur en scène avec Le silence et la peur. Artiste associé au TDB, il s’intéresse à la chanteuse Nina Simone et à son engagement pour les droits civiques aux États-Unis. Quelques spectacles, avec leurs formes hybrides, ouvriront de nouvelles voies à l’image de Mazùt, où Marlène Rostaing et Julien Cassier reprennent la création de Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias, opérant entre acrobatie, clown, théâtre, danse et chant lyrique. Avec After All Springville, disasters and amusement parks, Miet Warlop propose une nouvelle version de son « Amusement Park », entre installation en carton et théâtre. Quant à La spire, de Chloé Moglia, il s’agit d’une structure de 6,50 m d’envergure sur laquelle évoluent six « suspensives » et une musicienne, performance « née du désir de déployer la suspension sur fond d’un ciel qui nous est commun », explique la directrice artistique et scénographe de Rhizome.
– Dominique Demangeot –
Théâtre en Mai, Dijon (divers lieux) du 19 au 29 mai
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