Une fois encore cette saison, les mises en scènes sur les plateaux du TDB mêleront le poétique et le politique pour évoquer, en lisière de forêt ou dans un laboratoire, au Sénégal ou en Iran, les mythes d’hier et les réalités d’aujourd’hui, fouillant les répertoires classiques (Virginia Woolf, Ibsen, Tchekhov) ou laissant la parole aux textes contemporains.
Pour son rendez-vous de rentrée, le Théâtre Dijon Bourgogne vous convie… dans une salle des fêtes, celle de Baptiste Amann, qui investira pour l’occasion la Salle Jean Bouhey de Longvic. Signant le texte et la mise en scène, l’auteur nous invite à explorer une campagne en plein bouleversement, entre ruralité et néo-ruralité, écologistes, monde agricole et monde politique… Marion, son frère Samuel et sa compagne Suzanne rachètent d’anciennes usines situées dans un petit village, en vue de les rénover et les habiter. Mais leur projet se heurte vite à la réalité du terrain. Dans la salle des fêtes du village, le trio est contraint de réévaluer ses ambitions de décroissance. « L’ailleurs est peut-être aujourd’hui moins l’espace de la conquête que celui du retour », souligne l’auteur et metteur en scène. « Pour l’esprit aventurier contemporain, il convient finalement de trouver sa place, mais autrement. Salle des fêtes propose ainsi une réflexion sur l’utopie comme cet autrement, mais aussi sur la dualité entre le fait d’agir et celui d’espérer. » Face au carcan de la société de consommation et aux objectifs de tout un chacun (qui ne sont pas forcément les leurs), les personnages de Baptiste Amann sauront-ils éviter une sale défaite ?
La saison dernière avait déjà débuté sur une utopie, celle d’ouvrières engageant une lutte pour préserver leurs acquis sociaux (7 minutes de Stefano Massini, mise en scène par Maëlle Poésy). Cette saison encore, le TDB explorera les raisons d’espérer. « Et toi où vas-tu, espoir ? » s’interroge la directrice du théâtre dans son nouvel édito de saison, citant la poétesse grecque Kiki Dimoula. « La saison qui s’annonce a été conçue comme une tentative, un espoir, un rêve des possibles », souligne Maëlle Poésy. On suivra par exemple les combats de Nora qui est prise dans « sa quête émancipatrice » (Une Maison de poupée en mars prochain, à travers une adaptation marionnettique d’Yngvild Aspeli). Mais dès le mois d’octobre, la nouvelle création de Maëlle Poésy et Kevin Keiss s’intéressera aux femmes pilotes d’avion et astrophysiciennes, qui passent beaucoup de temps la tête dans les nuages sans pour autant oublier leurs objectifs d’indépendance. L’action se déroule aux USA, dans les années 1960, période de conquêtes, et s’inspire d’une histoire vraie, celle d’un programme spatial clandestin. Au plateau vont se croiser comédiennes et circassiennes, pour interroger notre rapport au temps, à l’espace et au risque, en se basant notamment sur l’expérience des artistes.
– Dominique Demangeot –
Salle des fêtes, Théâtre Dijon Bourgogne (Salle Jean Bouhey, Longvic), du 26 au 30 septembre
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