Pour cette première production de la saison, l’Opéra de Dijon convie Agnès Jaoui à la mise en scène de cette œuvre de Baldassare Galuppi, compositeur vénitien peu joué de nos jours, même s’il fut à son époque (1706-1785) plus populaire que Vivaldi.
À l’occasion de cette première mondiale dans la cité des ducs, c’est Le Poème Harmonique, sous la direction de Vincent Dumestre, qui va porter la partition baroque et virtuose, dont le livret de Pietro Chiari, d’une modernité étonnante pour une pièce de 1762, évoque les questions de genre. Deux naufragés échouent en effet sur une île gouvernée par les femmes, avec à leur tête la princesse Cretidea. Là-bas, les hommes ont une douceur qu’on ne leur connaissait pas. Les attributs sociaux se trouvent renversés. L’armée, c’est pour les femmes, la coquetterie, pour les hommes… Mais voici que l’autoritaire princesse tombe amoureuse d’un des deux hommes échoués. Le débat peut alors commencer car Roberto refuse de se soumettre.
« Dernier représentant d’une tradition vénitienne qui avait inventé l’opéra comme spectacle public, Galuppi associe un langage musical entré dans le classicisme à l’esprit baroque du théâtre bouffon », explique Le Poème Harmonique. « Chez Galuppi, la musique n’est que théâtre, et le genre buffa qu’il choisit d’investir ici ne l’oblige pas aux conventions de l’opera seria : ainsi, les airs sont tour à tour longs et développés ou très courts et incisifs ». Pour mettre en valeur cette partition de Galuppi redécouverte à Lisbonne au début des années 2000, Agnès Jaoui a choisi d’installer au plateau un décor inspiré de l’Orient.
– Paul Sobrin –
L’Uomo Femina, Opéra de Dijon, auditOrium, du 7 au 9 novembre à 20h
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