Delphine Théodore utilise les codes du conte pour aborder et dénoncer le thème de l’emprise chez trois femmes d’une même famille. Quand l’amour est si fort qu’il peut finir par vous dévorer.
Ce conte pour adultes évoquera ainsi « ces »petites bêtes » qui grignotent les cerveaux et se transmettent de génération en génération » comme l’explique la metteuse en scène. La mère de la petite fille est sous l’emprise de sa propre mère, tyrannique. La petite-fille doit alors trouver sa place au sein de ce duo maudit, envahie par un sentiment ambivalent d’amour/haine. « Ces forces contradictoires la mèneront au fil de la pièce à s’infliger moult épreuves jusqu’à la découverte de ses réels désirs, aussi inquiétante que libératrice. » Car la relation d’emprise sous-jacente, pernicieuse, sourd quelque part, des non-dits qui n’en sont pas moins délétères.
La metteuse en scène et son équipe ont pris soin d’apporter à la pièce une esthétique léchée pour montrer « comment la beauté apparente de l’amour invisibilise le danger ». Les Petites Bêtes nous rappelle aussi que les enfants ont des yeux et des oreilles, et que certaines scènes auxquelles ils assistent peuvent déterminer toute leur vie future. Le trou de serrure est d’ailleurs un élément central de la pièce, symbolisant ce « regard d’un enfant découvrant les affres du monde adulte ». Les personnages se voient confrontés avec leurs peurs acquises pendant l’enfance, et leurs obsessions et névroses s’incarnent alors dans les corps-mêmes, hantés par « ces souvenirs les plus marquants de l’enfance qui se détachent avec une clarté presque irréelle d’un fond immense et opaque ».
Les Petites Bêtes, Théâtre Dijon Bourgogne (Salle Jacques Fornier), du 12 au 16 novembre
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