Le Quatuor Manfred présentait en décembre dernier, à l’Église protestante du boulevard de Brosses à Dijon, sa nouvelle saison culturelle. Parallèlement à son festival Musiques en Voûtes qui se tient chaque année en septembre, la formation dijonnaise organise en effet, tout au long de l’année, des rendez-vous musicaux.
Le 19 janvier, le Quatuor Manfred nous proposait un voyage en Europe de l’Est, conviant des compositeurs qui ont su aller puiser dans les folklores de leurs pays pour renouveler la musique classique aux XIXe et XXe siècles. Le deuxième quatuor à cordes Lettres intimes de Janáček, mais aussi ceux de Bartók et Dvořák nous ont accompagnés à l’occasion de ces quatrièmes Folklores imaginaires. Un cinquième volet de cette série se tiendra le 9 février à 16h, toujours à l’Église protestante du boulevard de Brosses. Le voyage se poursuivra notamment avec Smetana dont on pourra entendre le Quatuor à cordes n°2 De ma patrie. Le compositeur fut le premier à s’intéresser aux origines de la musique en Bohême, s’inspirant des rythmes et mélodies locales. C’est complètement sourd, suite à une syphilis, que Smetana composera ce deuxième quatuor, dans lequel il va exprimer toute la peine qu’un tel événement suscitera chez lui. Après le Quatuor n°1 De ma vie en Mi mineur, ce second est en ré mineur, et sera notamment admiré par Schönberg. À découvrir également ce 9 février, le Quatuor à cordes n°10 op. 51 de Dvořák et le Quatuor à cordes n°5 SZ 102 de Bartók, dans lequel le compositeur met à profit l’ensemble de l’échelle tonale. Le prochain rendez-vous des Folklores imaginaires se tiendra le 14 juin.
Le 16 mars, place au cabaret avec Bye-Bye Berlin, une belle occasion de (re)découvrir en live l’album éponyme paru l’an dernier sur le label Harmonia Mundi. L’équipe du disque sera au complet puisque la chanteuse Marion Rampal ainsi que le saxophoniste et clarinettiste Raphaël Imbert seront présents.
Le programme nous transporte dans la capitale culturelle qu’est Berlin dans les années 20, pleine d’inventivité. Quelques-uns des grands courants musicaux vont naître à Berlin, à l’image du répertoire populaire de Weill et Eisler. Friedrich Hollaender compose en 1926 la musique de L’Ange bleu. Bye-Bye Berlin mêle musiques savantes et populaires, faisant en quelque sorte office de témoin de la vigueur créatrice à l’œuvre à cette époque dans la capitale allemande. Tout en restant fidèle à sa forme de prédilection, les œuvres pour quatuor à cordes, le Quatuor Manfred a souhaité, comme il le confesse dans le livret du disque, « atteindre des libertés de jeu et d’expression pouvant évoquer la folie musicale des années 20, entre classique, jazz et cabaret ». Chansons, airs et lieder de Weill, Eisler, Hollaender, Billing/Spoliansky, Meyerowitz et Berg seront au programme, ainsi que les Quatuors à cordes de Schulhoff, Hindemith et Weill. À noter en première partie, la participation d’étudiants de l’ESM Bourgogne-Franche-Comté, des classes classiques et musiques actuelles qui présenteront un répertoire berlinois, des œuvres travaillées en amont avec Marion Rampal, Raphaël Imbert et Marie Béreau.
Le Quatuor Manfred mène par ailleurs un important travail de promotion de la musique classique. C’est la raison pour laquelle on pourra retrouver les quatre musiciens le 29 mars à 20h à l’École maternelle Petit Bernard de Dijon, pour un nouveau volet des « Aventuriers du Quatuor », afin d’en apprendre plus sur la riche histoire de ce type de formation. Musique bien sûr, mais aussi anecdotes et clefs d’écoute seront proposées ici au public, qu’il vienne du quartier ou de plus loin !
– Paul Sobrin –
Programme complet de la saison et billetterie : www.quatuormanfred.com