L’artiste Elina Brotherus, d’origine finlandaise et vivant aujourd’hui à Avallon, expose en ce moment aux Bains du Nord à Dijon. Le FRAC Bourgogne l’a invitée à présenter plusieurs séries dont Règle du jeu, qui s’inspire de protocoles d’artistes mais n’exclut pas une liberté d’interprétation.
Artiste photographe et vidéaste, Elina Brotherus, dans sa série Règle du jeu, interprète des partitions rédigées par des artistes dans les années 1960. « C’est ce qu’on appelle des »event scores », des partitions d’événements », nous explique Astrid Handa-Gagnard, directrice du FRAC Bourgogne. « En quelques lignes, l’artiste vous dit de mener telle ou telle action, et ce qui nous intéressait particulièrement dans la présentation de cette série, qui est le cœur de cette exposition, c’était cette idée de réinterroger la notion de règle du jeu, mais de la présenter comme quelque chose aussi d’ouvert, et dire aujourd’hui, que l’on peut jouer selon les règles qu’on s’est choisies collectivement et conjointement, mais que ça n’exclut pas une forme de liberté et d’ouverture.» L’artiste met donc en avant des formes qui lui sont propres, seule ou en duo.
Si Elina a étudié la photographie à l’Université d’art et design de Helsinki, elle est autodidacte en vidéo, tout en dressant un parallèle avec la photo. « Souvent l’appareil est sur trépied et l’image ne bouge pas, il y a seulement quelque chose qui se passe dedans, et le cadre reste fixe », explique-t-elle. « Quand j’étais plus jeune, je faisais une série qui s’appelait The new painting (la nouvelle peinture), où je m’inspirais de la peinture classique figurative, qui pour moi était un peu prédécesseur de la photographie. Je m’intéressais aux mêmes sujets et aux mêmes thématiques que les peintres. » Elina explore cette fois l’art conceptuel, et le groupe Fluxus en particulier. « Ils ont eu cette particularité d’écrire des petits protocoles, comme des petites instructions. J’ai pris dans les archives des bribes de textes et je les effectue à ma manière. »
La nature est un élément qui revient souvent dans les séries, une présence qui s’explique par le pays d’origine d’Elina. « Je viens d’un pays où la nature est omniprésente. La Finlande c’est une grande superficie mais nous ne sommes que cinq millions, c’est comme Paris. C’est aussi quelque chose qui me manque quand je suis dans des grandes villes. J’ai habité à Paris pendant longtemps et c’est justement à ce moment-là où j’ai commencé à faire beaucoup de paysages. » La série Règle du jeu est un work-in-progress, débutée à l’occasion du Prix Carte Blanche PMU qui avait donné lieu à une exposition au Centre Pompidou et à un livre édité aux éditions Filigranes. « Il me restait six ou sept mois pour faire toute la série. Je n’ai pas eu le temps d’épuiser mon stock d’instructions donc je continue toujours depuis ! Dans cette exposition à Dijon, il y a des œuvres plus récentes mais toujours avec la même méthode. »
– Propos recueillis par Caroline Vo Minh –
Elina Brotherus – Les règles du jeu, FRAC Bourgogne, Les Bains du Nord, Dijon, jusqu’au 20 novembre
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