Le deuxième rendez-vous de la saison au Théâtre Dijon Bourgogne nous emmènera dans les étoiles, avec la nouvelle création de Maëlle Poésy qui conçoit et met en scène Cosmos. En compagnie de Kevin Keiss, elle s’est penchée au-dessus du vide sidéral que côtoie depuis quelques décennies l’espèce humaine.
Cosmos – Photo : Jean-Louis Fernandez
L’une des inspirations de la pièce trouve son origine dans la guerre froide et ce que l’on a appelé « guerre des étoiles » (peut-être le rêve de conquête ultime tant il pousse au dépassement), une course à l’espace qui impliquait les deux grandes puissances de l’époque, États-Unis et Union soviétique. Pour évaluer la manière dont un corps réagit dans l’espace, un scientifique à la NASA est chargé d’étudier les phénomènes de l’apesanteur sur les organismes, mais aussi les conséquences psychologiques de la vie spatiale. Un groupe clandestin de femmes pilotes d’avion est alors étudié dans le cadre du programme Mercury 13. « La première femme est partie dans les années 80, ce qui veut dire que les tests n’ont pas été tellement concluants dans les années 60… », expliquait Maëlle Poésy lors de la présentation de la pièce au Théâtre National de Strasbourg en juin dernier. Les résultats obtenus par les pilotes femmes étaient pourtant supérieurs à ceux des hommes.
Cosmos – Photo : Jean-Louis Fernandez
Des entretiens ont été menés auprès de femmes astronautes et d’astrophysiciennes qui ont travaillé sur les origines de l’univers, « et en les entendant parler on s’est dit que ce sont des gens qui regardent notre passé mais aussi notre avenir », souligne encore la directrice du TDB, puisque « chaque découverte scientifique entraîne des révolutions physiques qui entraînent des révolutions culturelles ». Pour incarner les femmes pilotes et les astrophysiciennes, Maëlle Poésy a fait appel à des comédiennes et des artistes de cirque de Centrafrique, du Chili, d’Autriche et de Normandie, qui ont fait part elles aussi de leurs rapports à l’espace, du risque inhérent au vide, de leur relation à la gravité, forcément particulière. « Elles inventent leur propre liberté », précise la metteuse en scène. La science comme le cirque incitent en effet à considérer différemment la manière dont nous percevons notre environnement. Évoquer le ciel, c’est aussi parler du passé et de l’avenir, et prendre en compte des échelles temporelles différentes, sans commune mesure avec le temps terrestre tel que nous l’expérimentons. « Toute la réflexion du spectacle est de se dire qu’on a une vie terrienne pour faire les choses, mais ce qui ne se réalise pas forcément dans nos vies peut se réaliser dans les vies suivantes.» Maëlle Poésy et Kevin Keiss vont ainsi également parler de ces « rêveuses obstinées dont les voix ont ouvert des voies ». Si les progrès scientifiques repoussent nos capacités de calcul et d’observation, « notre quête ne semble pas pour autant changer de finalité. D’où venons-nous ? Où allons-nous ? L’Univers a-t-il un sens ? », s’interroge Kevin Keiss.
– Dominique Demangeot –
Cosmos, Théâtre Dijon Bourgogne (Parvis Saint-Jean), du 18 au 21 octobre, et du 7 au 9 novembre
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