POLAR
Fleuve Éditions/2016
Il ne s’agit pas d’un livre de Dashiell Hammett, mais d’une série de dix nouvelles que le célèbre auteur de polar avait bien voulu, en 1931, au sommet de sa gloire, présenter. Ce sont des textes d’horreur mais qui dans leurs structures ne sont pas éloignés de la tradition policière, puisqu’il s’agit souvent d’énigmes qui, ici, trouvent une solution qui n’est pas rationnelle.
À cela s’ajoute un style dépouillé se limitant à conter l’action sans s’embarrasser de développement sur la psychologie des personnages. Cette sobriété revendiquée dans l’écriture est l’un des traits caractéristiques du style comportementaliste tel que l’a développé Dashiell Hammett lui-même. On voit ainsi que le lien entre le maître du polar et ces écrits n’est pas du tout artificiel.
Les histoires courtes qui composent ce recueil sont de natures différentes. On retrouve, bien entendu, la construction classique des écrits d’horreurs qui voient des individus hermétiques aux croyances paranormales confrontés à l’étrange. Cependant, dans bien des cas, il y a une agréable ambiguïté. On n’est pas certain, à la lecture, que quelque chose d’étrange a eu lieu. On reste au stade d’une série de coïncidences inexpliquées et parfois même on peut supposer que c’est l’imagination du héros qui lui joue des tours. L’ensemble se déguste comme une boîte de chocolats dans laquelle on peut piocher au hasard, en se laissant surprendre mais qui a l’avantage de ne jamais nous décevoir. Il n’y a pas de rupture de ton, ni de qualité. Au-delà des différences, il se dégage une impression d’harmonie tout à fait appréciable à la lecture.
Martial Cavatz