Programmé dans le cadre des manifestations de printemps à Colmar, le festival Musique et Culture proposera du 4 au 22 avril, de nombreux concerts à l’église Saint-Matthieu – pour la partie classique – ainsi qu’à la salle des Catherinettes. C’est dans ce lieu que se tiendront les rendez-vous dédiés aux musiques électrifiées. Là, le jazz s’y fera notamment une place de choix, et en particulier cette année, un jazz exécuté de belle manière par plusieurs artistes féminines.
L’envolée jazz débutera le 8 avril avec la venue d’Etibar Asadli, pianiste qui nous vient d’Azerbaïdjan. Son jazz, Etibar l’a métissé de sonorités traditionnelles azéries et de mugham-jazz, un jazz azerbaïdjanais né dans les années 1930. Banni par Staline en 1945, il survit pourtant grâce au public occidental qui continue d’écouter et de pratiquer ce style de musique. Le mugham-jazz renait dans les années 1960 et aujourd’hui encore de jeunes artistes le font vivre à l’image d’Etibar Asadli, qui s’est notamment illustré au Festival de Jazz de Bakou, haut lieu du mugham-jazz. Le jazz ethnique d’Etibar opère une deuxième fusion en accueillant par ailleurs des sonorités synthétiques, l’artiste contribuant lui aussi à l’évolution de cette musique.
Le 12 avril, Echoes Of Swing feront le déplacement à Colmar. Composée de musiciens venus d’Allemagne, de Grande-Bretagne et des États-Unis, la formation fleurissait les bacs l’an dernier avec Travelin, dernier opus en date qui célébrait les vingt ans du groupe. Aux racines de leur répertoire, le jazz-swing des années 20 aux années 50, celui que l’on pratiquait dans les caves, fraîchement débarqué des USA. L’une des clés de voûte de leur musique, c’est bien la fête, pour des partitions entraînantes et solaires. D’ailleurs en 2015, Echoes Of Swing publiaient le bien nommé Dancing, baigné de charleston, de ragtime et de foxtrot, l’occasion de nous rappeler que le jazz était, avant la seconde guerre mondiale, une musique qui se dansait avant tout. Et le groupe de nous emmener jusqu’aux racines baroques de Bach, en passant par la valse, la musique brésilienne… Des reprises survitaminées et des compositions originales qui font tout le charme d’Echoes Of Swing.
Nubya Garcia le 13 avril – Photo : DR
Le 13 avril, place au saxophone de Nubya Garcia, la Londonienne étant adepte d’un jazz progressif qui se mêle aux rythmes du hip-hop. Son jazz modal, ethno-jazz parfois, déploie ses ailes au sein de son quintet, premier projet d’une artiste pour le moins prometteuse. Nubya n’hésite pas non plus à y mêler ses racines caribéennes, et avoue une affection particulière pour le grand saxophoniste Charles Lloyd. Cette édition 2019 de Musique et Culture met donc particulièrement en avant le jazz féminin, comme ce sera encore le cas avec celle que les Anglais surnomment la Creole Queen, Morgane Ji, dont les origines vont de la Réunion… à la Bretagne ! La chanteuse rencontre le polyinstrumentiste E.R.K. et ensemble ils créent leur propre label. Le premier album Woman Soldier est tissé d’une électro-rock qui surgit du banjo électrifié de Morgane, une musique qui s’abreuve également à des influences traditionnelles, comme le maloya, musique réunionnaise. La soirée sera éclectique ce 14 avril puisque l’Orchestre National Jazz Luxembourg sera aussi au programme, avec un répertoire original.
Jazz au féminin toujours le 16 avril, avec Cécil L. Recchia & The Gumbo, dont le deuxième album est sorti en septembre dernier, bel hommage au jazz de la Nouvelle-Orléans. Un album vocal dont Cécil interprétera plusieurs morceaux à la Salle des Catherinettes. Un opus où les percussions tiennent aussi une place centrale, comme pour nous rappeler, une fois encore, que le jazz est multiple, hybride. The Gumbo – également un plat typique de Louisiane – sera l’occasion de démontrer toute la diversité des rythme de la Nouvelle-Orléans.
Festival Musique et Culture, Colmar, du 4 au 22 avril 2019
Programme complet : https://www.printemps-colmar.com/fr/concerts