Le Centre National du Graphisme de Chaumont consacre cet été une exposition monographique à Gilles de Brock. Si ça marche, ce n’est pas une solution temporaire revient sur la pratique du designer graphique et sur les expérimentations menées tout au long de sa carrière, qu’il s’agisse de travail purement manuel ou de réalisations à l’aide de matériel informatique et de logiciels. Gilles de Brock est en effet réputé pour élaborer ses propres outils dans le but de surmonter des contraintes diverses.
@Gilles de Brock
L’exposition évoque tout d’abord les premiers travaux de Gilles avec son projet de diplôme, un programme générant une seule et même affiche, capable de s’actualiser automatiquement au fil des évolutions du design (Gilles de Brock sera également développeur informatique). Ainsi les affiches Studium Generale réalisées pour l’Académie Royale des Arts de La Haye se composaient d’images trouvées sur le web via un programme informatique. Elles étaient ensuite sérigraphiées par pochoirs, le texte réduit à un unique bandeau pour laisser toute sa place à la composition. Le designer est passé ensuite à la risographie pour gagner en temps mais aussi en grain et en gamme de couleurs. On pourra aussi découvrir les tapis réalisés à la main par Gilles de Brock lui-même, en seulement trois semaines, le designer se faisant autodidacte à partir de tutoriels internet, pour pallier le délai de réalisation trop long des professionnels. Deux de ces tapis sont présentés dans l’exposition. Cette dernière montre d’ailleurs que le travail à la main va prendre de plus en plus de place dans le travail de Gilles de Brock, et s’il est amené à concevoir une machine automatisée contrôlée par ordinateur, c’est pour peindre des motifs sur papier, une technique également employée sur les vêtements avec la compagnie textile néerlandaise Bonne Suit.
@Gilles de Brock
Parmi ses nombreuses explorations, Gilles de Brock s’est également penché sur la céramique, construisant là encore une machine lui permettant d’appliquer des émaux sur des carreaux. « La machine, au centre de l’espace d’exposition, joue un rôle à part entière dans la pratique de l’artiste », souligne le Centre National du Graphisme, « et fait office de point de bascule dans son travail. L’aspect ‘’graphisme’’ glisse vers la graphique appliquée au motif. » Grâce, là encore, à des tutoriels web, Gilles de Brock a été en mesure d’améliorer et développer sa machine, qui peut aujourd’hui produire des carreaux à un rythme quasiment industriel. On pourra d’ailleurs découvrir également dans l’exposition le travail du Studio GdB que Gilles de Brock a fondé en compagnie d’un autre designer graphique, Jaap Giesen, et notamment le passage, à partir du carreau de céramique, de la 2D à la 3D. Une nouvelle étape dans l’évolution du travail de Gilles de Brock, dont le studio reçoit désormais des commandes de partout dans le monde.
– Marc Vincent –
Gilles de Brock – Si ça marche, ce n’est pas une solution temporaire, Chaumont, Centre National du Graphisme, du 25 mai au 6 novembre
www.cndg.fr