Charles Courbet, consultant en communication et relations publiques, publie son premier livre aux éditions Dalloz où il se penche sur un terme en vogue de nos jours. Sous-titrant l’ouvrage « Échec ou renouveau de la démocratie ? », celui qui est également enseignant au CELSA Sorbonne Université met la notion de populisme en perspective avec la démocratie libérale, en Europe en particulier, pour donner une définition de ce concept « équivoque et mouvant ».
Charles Courbet va dans un premier temps s’intéresser aux origines du terme, apparu au XIXe siècle en Russie et aux États-Unis dans deux contextes politiques très différents. On constate en effet d’emblée que le populisme recouvre des sens (et des sensibilités) divers, et que des personnalités aussi éloignées que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen s’en réclament volontiers. C’est la nécessité de donner une définition plus précise du mot qui a incité Charles Courbet à proposer un passage en revue des populismes en Europe et ailleurs, d’autant que ces derniers connaissent une progression électorale certaine, de Zelensky à Trump, l’auteur citant au passage quelques ouvrages dont L’Archipel français de Jérôme Fourquet. Le traditionnel clivage gauche-droite a vécu, remplacé par une « guerre culturelle », quasi-bipolarité entre les tenants du mondialisme et ceux du populisme.
Mais si certains se réclament du populisme (qui peut aussi être qualifié d’idéologie politique), d’autres y recourent au contraire pour disqualifier leurs adversaires. Dans cet essai d’une grande concision et sans parti-pris, Charles Courbet s’attache à lister les grands traits du concept, et notamment sa dimension contestataire dans la foulée du mouvement des Gilets Jaunes, ou de la crise sanitaire qui a divisé l’opinion (entre partisans du confinement et adversaires d’un certain hygiénisme institué en règle d’or). L’auteur pointe enfin la nécessité d’une remise en question d’un système politique où le message « abstention piège à cons » porte de moins en moins, à voir la défiance grandissante face à la chose politique. Entre « la défense du peuple comme ethnos » et une « forte sensibilité sociale », Charles Courbet ne choisit pas et préfère lister les causes profondes qui mènent aux populismes, proposant également des pistes de réflexion à l’image de la démocratie directe ou une meilleure représentativité. Dans 42 pays, 49% pensent en effet que la démocratie fonctionne mal, un phénomène que les élus seraient bien inspirés de prendre en considération.
Dominique Demangeot