Le Musée départemental des arts et traditions populaires Albert & Félicie Demard, à Champlitte en Haute-Saône, propose cette année une exposition en collaboration avec le Musée du papier peint à Rixheim, le Centre de documentation Joseph Dufour à Tramayes et Benjamin Gonzales, propriétaire d’un panoramique en Haute-Saône. Les papiers peints panoramiques y sont à l’honneur cet été et jusqu’à l’automne. Redécouverte d’un procédé tombé en désuétude, mais doté d’une riche histoire, et qui connaît un regain d’intérêt auprès des jeunes artistes.
L’antichambre au rez-de-chaussée revient tout d’abord sur l’histoire du papier peint, un procédé qui nous vient de Chine, et que les grands voyages en bateau vont permettre de rapporter en Europe, une technique qui connaîtra un bel essort en occident à partir du XVIIIe siècle. La salle à manger du Château de Champlitte nous offre un regard plus contemporain sur l’art du papier peint, un support dont se sont emparé les artistes d’aujourd’hui comme on pourra le voir. Le salon d’honneur présente une pièce unique, le panoramique de La Grande Chasse au tigre, de la Manufacture de Velay, pièce provenant du Château de Saulx-de-Vesoul, et qui n’avait encore jamais été montrée au public. C’est aussi l’occasion de découvrir la façon dont une telle œuvre a été restaurée par Agnès Vallet, restauratrice du patrimoine à Quingey. La pièce, de taille conséquente, se compose de 16 lés et s’étend sur près de 10 mètres.
Le panoramique a été inventé en 1787 par l’artiste peintre Robert Barker, proposant une vue à 360 degrés. On peut en découvrir un autre exemple dans le salon d’hiver. Les Sauvages de la mer Pacifique, créé en 1804 par Dufour, a été installé par les marquis de Toulongeon au château de Champlitte. Ce papier peint, dont la taille imposante favorisait une vraie immersion dans la scène qu’il dépeignait, servait de décor au salon d’hiver, une scène exotique qui trahissait les envies d’ailleurs des Occidentaux à l’époque. Cela nous rappelle également que des Chanitois partiront pour le Mexique au XIXe siècle, dans l’espoir de trouver des terres plus accueillantes.
Les étages et leurs salles des arts et traditions populaires accueillent également une partie de l’exposition, en proposant une mise en valeur de pièces contemporaines. Le mobilier et les objets traditionnels côtoient ainsi des pièces créées de nos jours. C’est le décalage qui est recherché ici, en plus d’une véritable invitation au voyage, entre art et ethnographie. Le rêve est un élément important dans cette section, le panorama étant mis en parallèle avec le diorama, inventé par Daguerre en 1822. Le diorama instituait les prémisses de la 3D, une « boîte à rêves » où le merveilleux est roi, à l’image des animaux à retrouver dans l’apothicairerie transformée en fond marin pour l’occasion. Un monde fantasmé, qui nous rappelle également que Champlitte, dès le XVIIIème siècle, s’est passionnée pour les grandes expéditions de James Cook et La Pérouse, comme l’illustre le fameux panoramique de Dufour dans le salon des papiers peints.
– Dominique Demangeot –