Les Musées départementaux Albert et Félicie Demard consacrent depuis cet été une exposition aux sorcières… Une appellation qui peut revêtir bien des significations, et nous transporte du XVe siècle à nos jours.
Dans le cadre de l’Ethnopôle : réinventer les musées populaires, des enquêtes ont été menées auprès de différents publics pour cerner le sujet. L’origine en est la chasse aux sorcières qui s’est tenue dans le département entre les XVe et XVIIe siècles, lors de procès dans lesquels près de 200 personnes avaient été accusées de sorcellerie avant de périr sur le bûcher. Des œuvres issues des collections des musées de Haute-Saône et de nombreux prêts (musées, galeries) à l’image de La voyante de Gustave Courbet, vont documenter la manière dont la figure de la sorcière a été illustrée au fil des siècles, et comment cette image s’est cristallisée dans la culture commune. Plusieurs pièces ont été une fois encore conçues en collaboration avec le public local, à l’image d’un mémorial construit par le Gang des Chiffonnières, hommage aux femmes brûlées en Haute-Saône. L’exposition a également impliqué des élèves dans les écoles, au lycée de Vesoul et ailleurs. L’objectif est que la population se réapproprie ce sujet de la sorcière, au-delà des clichés et en dressant des ponts avec notre époque actuelle.
En 2023, cette thématique de la sorcière appelle bien évidemment les sujets du néo-féminisme et de l’éco-féminisme, dans le sillage d’ouvrages tels que Sorcières – La puissance invaincue des femmes de Mona Chollet, succès de librairie. L’exposition s’intéressera à quatre thématiques principales : la femme diabolisée, la sorcière « métamorphe » (comment les femmes se sont réapproprié cette figure notamment à partir des années 1970), les pouvoirs de guérison ou de destruction de la sorcière et enfin les « êtres de résistance ». Si le Musée des Arts et Traditions Populaires à Champlitte portera principalement sur les destins de femmes, le Musée de la Montagne de Château-Lambert traitera davantage des lieux magiques en Haute-Saône et les sorts jetés (ou levés !) par les femmes. Dans ce cadre, une grande enquête a été menée auprès de personnes se considérant comme médiums, guérisseuses et chamanes. L’exposition fait également écho à une recherche menée dans les années 1970 par Jean-Christophe Demard à propos de la persistance de la médecine et de la sorcellerie populaire dans les 1000 Étangs. Le Mexique aura aussi sa place dans l’exposition, autour d’une enquête traitant de chamanisme, pouvoir des plantes, lignes de la main… la sorcellerie étant un concept concernant de nombreuses cultures de par le monde.
– Dominique Demangeot –
« Sorcières ! » Sorts de femmes…, Champlitte, Musée des Arts et Traditions Populaires, Haut-du-Them-Château-Lambert, Musée de la Montagne, du 30 juin au 30 octobre
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