En décembre, L’Espace des Arts propose un focus Victor Hugo, deux pièces de la compagnie Le Temps de Dire, adaptations du metteur en scène et comédien Paul Fructus qui nous emmèneront tour à tour en pleine mer puis dans les différents engagements du grand écrivain français.
Paul Fructus – Les Travailleurs de la mer – Photo : Cie Le Temps de Dire
C’est seul au plateau que Paul Fructus incarne le combat d’un marin de Guernesey, Gilliat, qui a décidé de porter secours à un navire échoué pour l’amour d’une femme. Un combat contre les éléments mais aussi contre lui-même, qui fait écho à l’exil de Victor Hugo sur la même île. Créée en 2010, la pièce est reprise treize ans plus tard, « un nouveau rêve remodelé » comme le dit Paul Fructus qui fait appel cette fois à un jeune compositeur, Adrien Meulien, croisant avec lui « dans cet inépuisable océan de mots ». Ce dernier se substituera au piano et à l’accordéon de la première adaptation. Comme Victor Hugo, honnis par Napoléon III qui l’exile, Gilliat est vu d’un mauvais œil par les habitants de l’île. Trop seul, pas assez dévot (il ne se rend jamais à la chapelle, sort la nuit pour aller on ne sait où…) Gilliat éveille la méfiance des insulaires. « Les bonnes gens n’aiment pas ceux qui prennent une autre route qu’eux », chantait Brassens. Sauver un navire échoué regagnera peut-être à Gilliat la confiance des habitants de l’île… Sur scène, Paul Fructus narre son récit et incarne les différents personnages de ce grand roman, Les Travailleurs de la mer, débuté en exil par Hugo en 1864.
Le comédien élargira la focale avec sa deuxième pièce programmée à L’Espace des Arts. Paul Fructus dit : Hugo, la rage, le rêve, c’est une plongée, non plus dans la mer, mais dans les engagements de Victor Hugo. Difficile en effet d’ignorer les combats qu’a menés l’auteur des Misérables, d’autant que beaucoup sont encore d’actualité de nos jours (justice sociale, lutte contre la misère, Europe unifiée…). Paul Fructus assemble des extraits de plusieurs écrits (de différents discours à L’art d’être grand-père, de poèmes (Les Contemplations et Les Châtiments) au pamphlet sur « Napoléon le petit », entre autres textes). Il conserve cependant la métaphore marine pour évoquer l’écrivain, et nous conter le « largage des amarres du vaisseau Hugo toutes voiles dehors : avec grand foc pourfendeur des misères humaines, hunier des joutes oratoires à l’assemblée nationale, brigantine des écritures enfantines, grand voile gonflée d’amour(s) et misaine des douleurs ineffaçables. » Là encore on retrouve un Hugo face aux éléments, les drames de sa vie que furent la mort de deux de ses enfants, la folie d’Adèle sa seconde fille, son exil qui durera 19 ans sur les îles de Jersey et Guernesey.
« C’est sur ce sentier entre ombre et lumière que le spectateur sera invité à cheminer », dit encore Paul Fructus.
Dominique Demangeot
Chalon-sur-Saône, Espace des Arts
Les Travailleurs de la mer, 5 et 6 décembre à 20h (Petit Espace), Paul Fructus dit : Hugo, la rage, le rêve, 7 et 8 décembre à 20h (Petit Espace)
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