Le Musée Nicéphore Niépce consacre une exposition au photographe Stéphane Lagoutte. Le directeur de l’agence MYOP a réalisé un travail à Beyrouth pendant plus de dix ans, qu’il présente aujourd’hui à Chalon-sur-Saône. Beyrouth 75-15, Observation, Révoltes, Voir et Survivance offrent plusieurs regards sur le Liban contemporain, en n’omettant pas les stigmates du passé.
Ces cinq séries sont présentées pour étudier, « tel un géologue, la succession des strates qui constituent l’histoire contemporaine du Liban depuis 1975 », explique le Musée Nicéphore Niépce. « Formellement ces nombreuses années de voyage m’ont permis de repenser ma photographie et donné le temps d’imaginer des formes diverses », confie Stéphane Lagoutte. « Il s’agit toujours de documenter mais, que cela concerne des événements directs ou leurs répercussions profondes – sous forme de traces – le propos imposait différentes écritures sensibles qui se répondent et se complètent. » Le photographe multiplie donc les techniques et les esthétiques, du détail à l’agrandissement pour présenter différentes « strates » libanaises, et mettant toujours l’humain au centre de son propos.
En 2015, Stéphane Lagoutte découvre le Liban et sa capitale, son architecture et son histoire. Il parcourt pendant trois ans les rues, photographie les bâtiments, les traces laissées par la guerre. De retour à Paris, il développe les négatifs d’un autre photographe trouvés par hasard durant ses déambulations libanaises et y découvre le Liban plus apaisé d’avant la guerre civile. La série Beyrouth 75-15 superpose ainsi plusieurs époques. De 2011 à 2014, la série Observation voit le photographe s’intéresser aux habitants qui eux-mêmes l’observent, le considérant peut-être comme un danger potentiel. Dans son atelier, il leur offre une seconde vie en les dessinant à l’encre de Chine. Il est aussi présent lors de moments forts de la vie libanaise, comme pendant les manifestations de 2019 qui mèneront à la démission du
gouvernement, un changement qui n’empêchera pas, quelques mois plus tard, le marasme économique de s’abattre sur le pays. Stéphane Lagoutte sera là également pour donner à voir les conséquences de la double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, mais en s’intéressant davantage aux regards des habitants qu’aux dégâts occasionnés par les explosions. Une dernière série, élaborée dix jours après l’explosion (Survivance), évoque les dégâts dans la ville, et toujours les réactions des Libanais face à la catastrophe.
Stéphane Lagoutte, Liban, Stratigraphie, Chalon-sur-Saône, Musée Nicéphore Niépce, du 14 octobre au 14 janvier
museeniepce.com