Le 3 février dernier, la compagnie de L’Entaille proposait une première escale dans le cadre des Bruits de la Rue. On pourra la retrouver ce vendredi 9 février toujours à Chalon-sur-Saône, à l’occasion d’une nuit spéciale. Après « L’Arrivée », c’est donc une « Nuit partagée » qui attend le public de 21h à 9h (sur réservation). Un nouvel exemple d’« effractions dans le réel » dont Laëtitia Madancos s’est fait une spécialité. Une performance en mouvement dans l’espace public.
Laëtitia voyage… dans une chambre à coucher. Mais pas question de rêverie seule dans sa chambre. L’artiste emporte avec elle sa chambre et parcourt une douzaine de kilomètres par jour, en poussant son lit. TOI SANS QUI LE MONDE [Trajet d’une chambre à coucher] se déploie donc en extérieur, une « chambre à coucher comme métaphore de l’habité », explique Laëtitia Madancos. Sa compagnie est en pleine préparation de ce nouveau projet qui débutera officiellement le 13 avril prochain à Marseille, pour se terminer le 25 août 2024 au Havre, avec entre ces deux dates butoirs plusieurs haltes, relais et arrêts. Une performance de quatre mois, préparée en résidence dans plusieurs lieux comme ici à Chalon dans la Rue.
Entre ces deux « villes-mondes », des étapes, beaucoup d’étapes, entre Méditerranée et Atlantique, soit 17 départements, 6 régions et 3 fleuves pour une distance totale de 1637 km. Laëtitia voyage seule ou à plusieurs, à l’occasion de cette performance qui représente par ailleurs un défi physique, « un corps à corps avec les jours et les lieux traversés », explique l’artiste, « pour questionner notre manière d’habiter le monde. » La compagnie L’Entaille évoque ainsi les frontières qu’on érige, et celles qu’on tente de traverser pour aller vers l’autre. La recherche de Laëtitia s’inscrit d’ailleurs dans ce qu’elle appelle un « dispositif relationnel », et tout un chacun peut d’ailleurs accompagner l’artiste dans son périple sur quelques mètres ou kilomètres pour prendre part à la performance, et pourquoi pas engager un dialogue (même si celui-ci n’est pas obligatoire). L’artiste met à profit ces rencontres pour nourrir un récit qui s’écrit au fil des kilomètres
Laëtitia Madancos invente alors une chorégraphie de la disruption/subversion, qui s’oppose à la « chorégraphie sociale établie » comme elle le dit elle-même, évoquant notamment Rosa Parks qui a refusé de quitter sa place réservée aux Blancs dans un bus, ou encore les militants d’Act Up recouvrant l’obélisque de la place de la Concorde avec un préservatif monumental. « Qu’ils soient d’envergure ou isolés, collectifs ou individuels, la liste des gestes dissidents est sans fin », explique l’artiste. « Je les crois animés par une même lutte, celle d’un « vivre autrement »». Loin d’être une entreprise individualiste, la chambre à coucher mobile de Laëtitia Madancos invite aussi au rassemblement, se nourrissant au fil de son trajet, des expériences et ressentis de chacun. Le 9 février, Laëtitia conviera d’ailleurs les Chalonnais à une nuit de partage, avec au programme la lecture de la fable politique Un fou de Leslie Kaplan (P.O.L.) autour des « mensonges et du vide de la parole politique », comme le dit l’autrice. Extraits de récits du voyage de Laëtitia Madancos, discussions, « petit déjeuner… gustatif et artistique » et autres surprises seront également au programme !
Dominique Demangeot
Le Bruit de la Rue #17 – TOI SANS QUI LE MONDE [Trajet d’une chambre à coucher], Chalon-sur-Saône, Site de L’Abattoir, 9 février de 21h à 9h – À partir de 8 ans • Gratuit, sur réservation
www.chalondanslarue.com/fr/projets/bruit-de-la-rue-programme2
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