Du 15 au 21 novembre, Instances est de retour, pour la première fois dans les nouvelles salles de l’Espace des Arts après la rénovation conséquente qui a duré deux ans. Pour cette édition 2018, la Scène nationale de Chalon-sur-Saône a convié des artistes venus de France et d’ailleurs, d’Espagne et d’Afrique, pour évoquer le corps dans différentes attitudes, différentes postures qui rejoignent des réflexions autour de la révolte notamment.
Kirina – Photo : Philippe Magoni
Le jeudi 15 novembre à 19h, c’est Luc Sanou qui ouvrira le festival de danse de l’Espace des Arts, seul en scène avec sa pièce Mon homonyme, première création signée par le danseur burkinabé. Un premier travail comme une confession dansée, à retrouver au Studio Noir. Une pièce que Luc définit également comme un dialogue avec la musique de Issouf Dembélé. Le même jour à 20h, Serge Aimé Coulibaly présentera Kirina, du nom d’une ville de Guinée qui fut un marchepied déterminant pour la fondation de l’Empire mandingue au XIIIe siècle. Le chorégraphe met en lumière une Afrique tournée vers l’avenir, un continent en mouvement, dans ce spectacle large aux entournures. Une quarantaine de figurants est d’ailleurs mobilisée pour accompagner sur scène les neuf danseurs ainsi que les six musiciens, sans oublier la chanteuse Rokia Traoré. Kirina est une pièce pleine de fureur et d’espoir, assez en tous cas pour fuir les fantômes de la colonisation et escorter le continent vers des temps meilleurs. Arnaud Rebotini évoque lui aussi l’esprit de révolte avec Fix Me le 21 novembre, quatuor œuvrant pour gagner sa place sur le plateau, les mouvements des danseurs s’inspirant de discours de femmes militantes, chacune à leur manière, pasteures noires ou artistes hip-hop, puisant dans l’énergie des raves ou des « Nuits debout ».
De soulèvement, il sera aussi question avec la dernière pièce de Tatiana Julien, que la jeune chorégraphe crée sur le plateau chalonnais à l’occasion d’Instances 2018. Le 16 novembre, elle présentera le spectacle du même nom, un solo après les grandes aventures collectives d’Initio et de La Mort et l’Extase. Un solo pour se recentrer sur son travail d’interprète et exploiter une énergie qui met le corps en mouvement, née en partie de l’improvisation, l’artiste s’appuyant également sur quelques grands discours en temps de révolte. Une quête de liberté que l’on pourra également percevoir dans Three Times Rebel, Marina Mascarell évoquant le thème de l’émancipation féminine et des violences subies. À voir aussi le 16 novembre. Après Voronia présenté à Instances en 2016, le chorégraphe espagnol Marcos Morau revient à Chalon-sur-Saône avec Pasionaria, qui explore ici des courants contraires : la joie et la souffrance, la mort et l’amour, voyage vers un monde inconnu, une terre devenue un « paysage artificiel et où les habitants se sont transformés en gadgets technologiques qui ont perdu toute passion ». Le chorégraphe nous présente ce monde sans affects, un monde de soi-disant « progrès » où les sentiments, qui nous distinguent des robots et des statues, comme le dit encore Marcos Morau, ont disparu. D’Espagne, nous viendra également Pere Faura qui présentera un solo le 20 novembre, pièce pleine d’ironie pour moquer la frontière trop souvent érigée entre cultures savante et populaire.
Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek ont invité dans leur troupe deux interprètes issus du répertoire de ballet, à l’occasion de leur dernière création, Ces gens-là !, pour explorer différents états de corps. C’est aussi notre manière de communiquer aujourd’hui qui est évoquée dans cette nouvelle pièce, la communication et ses travers. Les deux chorégraphes se recentrent donc sur le langage du corps, peut-être plus naturel, plus instinctif, en multipliant les points de vue, une multiplicité de formes que rendent possibles aujourd’hui les réseaux sociaux, entre réalité et fiction, fake-news et vérités.
– Paul Sobrin –
Instances 2018, Espace des Arts et Auditorium du Conservatoire du Grand Chalon, Chalon-sur-Saône, du 15 au 21 novembre
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