Reportage sur Kobéndé (Eau trouble) de Florent Nikiema
Article publié à l’origine dans l’édition de novembre 2017 du journal Diversions
Entre Port Nord et Conservatoire du Grand Chalon, les danseurs vont investir une fois encore Chalon-sur-Saône en novembre pour une nouvelle édition du temps fort chorégraphique qu’est Instances. Un rendez-vous qui se veut international puisque les chorégraphes invités viendront de France mais aussi du Burkina Faso, du Congo, d’Afrique du Sud et de Belgique.
Le continent sud-africain tiendra donc une place importante cette année, et l’Espace des Arts nous transportera dans plusieurs contrées, en commençant, en ouverture de festival le 16 novembre, par le Burkina Faso. Florent Nikiema, seul en scène, célèbrera la vie qui est mouvement, mobilisant ses origines africaines mais en y adjoignant bien d’autres influences entre capoeira, danses urbaines, tradition et modernité. Avec MONSTRES – On ne danse pas pour rien, DeLaVallet Bidiefono évoque quant à lui son projet de fonder un lieu dédié à la danse à Brazzaville, le Baning’Art, espace de liberté dans une ville dénuée de toute politique culturelle. Pour cela, il a convoqué une troupe de dix danseurs et quatre musiciens multi-instrumentistes. Depuis son projet personnel, le chorégraphe extrapole à la société toute entière. « Je veux que mon prochain spectacle évoque cette construction et l’idée même de la construction », explique-t-il. « Construire un lieu donc, mais aussi construire un parcours, une politique, une esthétique, des hommes et des femmes, construire l’espoir enfin ». L’espoir que cessent un jour les violences au Congo, en misant sur le collectif car c’est bel et bien une « transe collective » que souhaite instaurer sur scène DeLaVallet Bidiefono, moteur selon lui de mobilisation et d’espoir. L’idée aussi que la culture n’est pas vaine… « On ne danse pas pour rien » ! Avec MAN, Fana Tshabalala, que l’on a croisé à Instances en 2013 à l’occasion de son duo Back, propose ici une réflexion sur le statut de l’homme, figure masculine formée par la culture, la religion et la société, mais qui tend à évoluer de nos jours. Un homme qui doit concilier la force, l’autorité qu’on lui prête traditionnellement, avec les attributs plus doux d’un être attentif à son prochain, et qui ne craint pas de laisser s’exprimer ses émotions.
Instances 2017 nous transportera aussi dans l’univers de Tatiana Julien qui présentera sa nouvelle création La Mort et l’Extase, mêlant une large troupe de 25 danseurs amateurs et professionnels, ainsi qu’un contre-ténor le 17 novembre. Le festival programmera aussi un duo étonnant entre une danseuse et… une tornade… Citons encore ici l’étonnante expérience menée par Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, directeurs du Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté à Belfort, VIADANSE. Ces derniers se sont inspirés d’une sculpture de Hans Harp, Entité ailée, créée en 1961. « Libérée, désoclée », comme le dit Héla, l’œuvre d’art a donné lieu à plusieurs projets dont celui baptisé OSCYL, pièce de groupe mettant en jeu un collectif de danseurs… et un collectif d’OSCYLS anthropomorphes, des culbutos à taille humaine qui prennent vie devant nos yeux. La création, dont la bande son est travaillée en direct, comporte également une dimension ludique évidente, de par les alter egos qui sont mis en face des danseurs. « Toute la pièce travaille sur la relation que cela génère, qui s’invente entre danseurs et statues mobiles », ajoute Héla Fattoumi. La création est également nourrie par la poétique du sculpteur Hans Harp, et par son rapport aux formes.
– Paul Sobrin –
Instances 2017, Espace des Arts,
Chalon-sur-Saône, du 16 au 22 novembre
www.espace-des-arts.com
Teaser d’OSCYL réalisé par Diversions en juillet 2017