Le trio Chabada a proposé un double concert samedi dernier, 7 mai 2016, au Scénacle à Besançon. Il s’agissait d’enchaîner deux représentations pour un nouveau projet tel que les affectionne depuis longtemps la chanteuse Lucie Etienne. Le jazz nourricier du combo a cette fois-ci entraîné le public à la fin des années 50, entre swing léger et jazz vocal.
Chacun des groupes dont fait partie Lucie Etienne installe une identité musicale propre. Et si elle les incarne si bien, c’est notamment grâce à une voix caméléon. Lors de la soirée au Scénacle, beaucoup de spectateurs venaient avec l’intention de découvrir Boris Vian, ou pour redécouvrir ce poète multicarte, mais peut-être sous un autre angle. Des chansons qui évoquent les bonnes choses de la vie avec la conscience de l’ivresse. C’est ainsi que commençait le concert. L’ivresse, celle des paroles qu’écrivaient Boris Vian et Serge Gainsbourg.
On connaît les inspirations jazzy de Chabada. Les accords de guitare de Stéphane Neidhardt indiquaient le style, souvent en swing et soutenu par des gimmicks à la contrebasse. L’oreille pouvait parfois percevoir quelques teintes de bossa. La voix de Lucie, elle, faisait corps avec la contrebasse de Claudio Ibarra. Pour une fois, Stéphane Neidhardt jouait sans médiator, parce que ce type de proposition s’y prêtait mieux. La formation était minimaliste. Tout comme le décor d’ailleurs, noir et blanc, comme les vêtements des musiciens. La lumière blanche des poursuites laissait des espaces vides. Le sombre et le clair se combinaient. Les claquements de doigts de la chanteuse se voyaient autant qu’ils s’entendaient. Et le public de la suivre. Les mains n’étaient pas seules à faire du bruit. Les pas d’une Lucie Etienne en talons retentissaient. De même l’artiste dessinait sur une ardoise entre deux morceaux, sous les notes de la contrebasse. Le concert ressemblait en somme à une pièce de théâtre de boulevard, mais chantée.
Frédéric Dassonville
Photo : Magali Teyssier : http://www.magaliteyssier.fr/