Le blues, Bernard Allison est tombé dedans tout petit. À bonne école avec comme père Luther, l’une des figures de proue du Chicago Blues à partir des années 60, l’artiste est enfin de retour dans les bacs après de longues années d’absence. Il est parti en tournée défendre ce nouvel opus sur scène et passera par le Jura le 10 mars prochain.
Son dernier album en date, Let It Go, est une pierre de plus dans son édifice blues, avec lequel le musicien retrouve son label de cœur, Ruf Records qui avait publié il y a vingt ans l’intégrale du regretté Luther Allison. Enregistré là où est né le blues, dans le Tennessee, au Bessie Blue Studio à Stantonville, Let It Go a bénéficié de Jim Gaines aux manettes (Santana, John Lee Hooker, Albert Collins, Van Morrison et bien d’autres). Pas de cuivres ni de claviers ici, mais un blues brut, un retour aux origines de cette musique. Avec John T. McGhee à la guitare, George Moye à la basse et Mario Dawson à la batterie et aux percussions (également Jose Ned James au saxophone sur le midtempo Kiddeo), Bernard Allison déroule douze titres, des blues s’acoquinant parfois à des sonorités reggae ou rock. Le funk fait aussi irruption sur Same Ole Feeling et Night Train.
Bernard rend également hommage à Luther Allison en reprenant deux des morceaux du père en fin de disque : You’re Gonna Need Me, ralentissant le tempo et Castle, là encore en levant le pied sur un mode acoustique. Un autre hommage est rendu sur Blues Party, l’artiste reprenant quelques licks, quelques standards de la guitare qui ont fait l’histoire de la musique du diable depuis plus d’un siècle. Une Blues Party qui convoque, en souvenir bien sûr, Robert Johnson jouant sous un arbre, John Lee Hooker grattant toute la nuit, Albert King jammant avec Stevie Ray et bien d’autres… Le chanteur guitariste le dit dès le premier titre, il est là pour nous emmener dans une virée blues et les amateurs ne seront pas déçus. À la slide guitar sur Blues Party et Backdoor Man, ou plus électrisé et rock sur Let It Go, l’hendrixien Leave Your Ego et Hey Lady, Bernard Allison varie suffisamment les couleurs pour que l’auditeur ne s’ennuie pas une seule seconde. Le musicien l’a un jour dit lui-même, l’expérimentation est une facette majeure du blues. Il le démontre dans ce nouvel album qui mêle tradition et chemins de traverse.
– Manu Gilles –
Bernard Allison, Le Moulin de Brainans, 10 mars à 18h30
https://lemoulinjura.soticket.net/evenement/10-03-2019-18-30-bernard-allison