LA voix de la scène blues rock de ces deux dernières décennies, malheureusement sous-exposée dans l’hexagone, Beth Hart s’offre une virée en terres britanniques avec un album de reprises de Led Zeppelin.
La chanteuse démarre fort avec Whole Lotta Love, titre mythique. On savait combien l’artiste pouvait se montrer efficace sur ce morceau fétiche durant ses concerts, qu’elle connait sur le bout des cordes vocales. Les guitares se voient ici renforcées par une section de cordes et un long pont au milieu de la chanson pour laisser monter une tension palpable. On garde les cordes et on les amplifie avec le rock orientalisant Kashmir, qui déploie de belle manière son imposante mécanique symphonique. Le trio d’entrée se termine enfin par la troisième perle zeppelinienne, Stairway To Heaven, là encore ultra fidèle jusque dans les arrangements de flûte, des arrangements orchestraux opérés par David Campbell (Muse). Et on peut dire que Campbell a eu les coudées libres puisque la plupart des morceaux se voient adjoindre cordes et cuivres symphoniques (jusqu’à Black Dog ou Baby I’m Gonna Leave You, qui auraient pu s’en passer). Beth Hart s’attaque à des titres moins connus du Zeppelin à l’image de The Crunge, l’une des rares incursions de Page et cie dans la funk. Ici l’orchestration diffère avec une basse moins présente et des guitares bien davantage au fond du mix, mais pour le reste ça groove méchamment, voire plus que sur la version originale !
Tout en restant fidèle au chant puissant mais précis de Plant (Kashmir en est un bel exemple), la Californienne apporte son propre groove, avec une voix faite pour chanter le blues et le heavy-rock, auquel son frère l’a initiée adolescente. Elle a d’ailleurs collaboré par le passé avec l’ex-collègue de Jimmy Page au sein des Yardbirds, Jeff Beck. Et de manière générale, c’est tout l’album qui reste fidèle au très lourd héritage zeppelinien. Beth s’est entourée du producteur Rob Cavallo (Green Day) et de musiciens de haut vol à l’image de Chris Chaney (Rob Zombie, Slash) à la basse ou encore Matt Laug (Alice Cooper) à la batterie. Quant au guitariste Tim Pierce, session man qui a côtoyé aussi bien Michael Jackson que Phil Collins et Alice Cooper, il fait le job comme on dit et reste lui aussi dans les bottes à talonnettes de Page, s’illustrant notamment sur Good Times Bad Times.
– Dominique Demangeot –