En février 2019 disparaissait Tomi Ungerer, illustrateur alsacien dont on peut admirer l’œuvre au musée strasbourgeois qui porte son nom. C’est en collaboration avec le Centre international de l’Illustration que le Musée du Temps a monté cette nouvelle exposition, première rétrospective française évoquant le temps dans le travail de Tomi.
Tomi Ungerer est issu d’une longue lignée de constructeurs d’horloges d’édifice à Strasbourg. On retrouvera d’ailleurs la thématique du temps dans plusieurs de ses créations au fil de sa carrière, comme on pourra le constater dans une soixantaine de dessins. On peut y admirer différents automates et autres mécanismes. L’artiste, qui avait fait du papier calque l’un de ses supports de prédilection, et qui a abordé de nombreuses thématiques, de l’affiche à l’illustration jeunesse en passant par la publicité, a notamment abordé les thèmes du Temps et la Mort.
C’est sans nul doute au sein même de sa famille que Tomi attrapa le virus du dessin, admirant les croquis préparatoires pour horloges ou même des œuvres à part entière comme celle de son père Théodore Ungerer, influencé par le romantisme allemand. Tomi apprendra également à apprécier les monuments, et en particulier la cathédrale de Strasbourg, même si l’exposition va montrer que cette relation fut ambivalente, l’artiste se sentant parfois écrasé par le monument. Dans son ouvrage Mes Cathédrales, il va d’ailleurs la dépeindre sous un angle satirique comme pour la désacraliser. On retrouve aussi dans l’œuvre de Tomi Ungerer les instruments de mesure du temps, coucou suisse, montre-bracelet… Pour matérialiser la fuite du temps, rappeler qu’il nous est compté, sablier et métronome font également partie des objets qu’affectionnera le dessinateur. Dans certaines de ses œuvres, l’artiste alsacien s’amuse aussi à conjurer le sort et se moquer de la mort ! Grand collectionneur de jouets, Tomi Ungerer produira plusieurs automates et autres objets ludiques et mécaniques, notamment sous forme de croquis préparatoires, des projets de construction dont certaines verront d’ailleurs le jour. N’oublions pas enfin le regard aiguisé de Tomi sur ses contemporains, une critique sociale toujours très présente dans son travail. Là encore, le thème de l’automatisation sera l’occasion d’évoquer nos sociétés industrialisées à outrance, au mépris d’un humain réduit à l’état de robot.
– Dominique Demangeot –
Time is Tomi, Besançon, Musée du Temps, du 22 février au 28 juin