> Article publié à l’origine dans l’édition de février 2017 du journal Diversions (consulter le PDF ici)
Dans sa nouvelle création, Guillaume Vincent adapte deux pièces, un spectacle hybride entre le poème épique d’Ovide, Les Métamorphoses et Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, rendant ainsi un hommage au théâtre en tant que lieu où joue à plein l’imagination, et s’interrogeant aussi sur la nature et la fonction de ce dernier.
En deux parties, la pièce aborde Les Métamophoses d’Ovide, puis Le Songe d’une nuit d’été, où l’on trouve justement l’une des Métamorphoses, Pyrame et Thisbé, répétée par les artisans, « l’occasion pour eux de se poser des questions théoriques sur le théâtre, sur la manière de représenter, sur le réalisme », explique le metteur en scène. Guillaume Vincent évoque ces questions en portant d’abord au plateau, dans une première partie, plusieurs Métamorphoses d’Ovide. Pour cela, il a pris l’angle du théâtre amateur, s’appuyant sur son expérience d’ateliers dans les écoles et les prisons. C’est la raison pour laquelle il convie, dans chaque théâtre où il joue, des comédiens non professionnels à venir prendre part à Songes et Métamorphoses. À l’Hôtel Métamorphoses, plusieurs tableaux se succèdent. Des enfants jouent Narcisse, tandis que Pygmalion est donné dans une prison et Myrrha dans un lycée. Parlant à la première personne, les comédiens vont ainsi traiter de l’identité sur scène, sur ce qu’est un personnage au théâtre. À propos de cette première partie, Guillaume Vincent évoque le roman Entre les actes de Virginia Woolf, dont le personnage principal, Miss La Trobe, pense que le théâtre peut exercer un pouvoir conséquent sur les individus et même les transformer. « La question que je pose à travers Les Métamorphoses d’Ovide et Le Songe d’une nuit d’été, c’est justement pourquoi cet art qui parfois est une chose absolument futile, qui peut sembler inutile, pourquoi elle est souvent indispensable pour ceux qui la font ».
Songes et Métamorphoses confronte le théâtre d’hier, celui du Songe, avec sa dimension contemporaine, illustrée dans la partie inspirée des Métamorphoses. Hybride, cette adaptation de Guillaume Vincent l’est assurément, comme pouvait l’être le théâtre élisabéthain, avec ses multiples personnages et situations – la version de Guillaume Vincent mobilise quatorze comédiens et quatre enfants -, ses mises en abyme et sa profusion de styles au sein d’une même pièce à l’image du Songe d’une nuit d’été. Dans cette dernière, on trouve l’intrigue des jeunes amants, celle des nobles, celle des fées sans oublier la pièce dans la pièce, répétée par les artisans. Une multiplicité que l’on pourra aussi apprécier dans les décors de Songes et Métamorphoses, puisque la première partie nous fera pénétrer dans l’intimité de la création théâtrale, « comme une sorte de boîte un peu magique avec des rideaux, et un espace un peu réduit », explique Guillaume Vincent, avant de découvrir ensuite la forêt du Songe. « On est entre une représentation réaliste et une évocation d’une salle de bal ». Le metteur en scène se confronte donc à ces diverses dimensions, à « l’accord de ce désaccord » comme il le dit lui-même, quitte à envisager le Songe comme un spectacle orchestré par trois metteurs en scène différents. On retrouvera sur la scène du CDN Besançon Franche-Comté le féérique duo de Titania et Obéron – interprété pour l’occasion par deux chanteuses -, un quatuor amoureux, tandis que dans une troisième partie un groupe d’artisans tentera de répéter la pièce de Pyrame et Thisbée.
– Marc Vincent –
Songes et Métamorphoses, CDN Besançon Franche-Comté, du 9 au 12 février
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