Besançon – Qui a besoin du ciel au NTB

Après le bush australien, lieu où se déroule L’arbre à sang, pièce d’Angus Cerini à découvrir actuellement en tournée régionale avec le NTB, Tommy Milliot nous invitera cette fois au Kentucky dans une petite ville ouvrière durant les années 1980.

Photo : Pierre Gondard

De Naomi Wallace, Tommy Milliot avait déjà adapté La Brèche. Il la retrouve désormais avec cette pièce créée l’an passé au Théâtre Cent Quatre à Paris, et qui sera présentée en mars à Besançon en partenariat avec Les 2 Scènes. « Une relation artistique durable », c’est ce que le metteur en scène a souhaité instaurer avec l’autrice américaine, « Naomi est originaire du Kentucky, aux États-Unis, tandis que j’ai grandi à Armentières, autrefois un haut lieu de l’industrie textile du Nord de la France », souligne le nouveau directeur du NTB. La pièce évoque le monde ouvrier, ses aspirations, ses défis. Qui a besoin du ciel s’inscrit d’ailleurs dans une trilogie dont elle constitue le deuxième volet. Wilda Spurlock souffre d’un mal très courant aux États-Unis : l’addiction aux médicaments. Elle a pour projet de faire chanter le patron de Kentucky Aluminium pour tenter d’améliorer son quotidien et celui de ses proches. Il faut dire que dans cette petite ville du Kentucky, le rêve américain semble plus difficile à trouver qu’en plein New York. Le déterminisme social pèse lourd parfois, il colle aux basques comme du goudron fondant au soleil. Wilda et ses amis sont là pour en témoigner. Mais les neuf personnages de la pièce forment un groupe mû par l’espoir d’une vie meilleure, communauté « partagée entre la douleur des liens qui les unissent et la splendeur lumineuse de leur rapport à autrui », précise Tommy Milliot. Un groupe à l’image de l’Amérique, multiethnique.

Photo : Pierre Gondard

On se souvient de la manière dont les trois femmes s’épaulent dans L’arbre à sang, aidées aussi par leurs voisins. Qui a besoin du ciel est là encore une histoire de solidarité, dans une société américaine qui glorifie pourtant l’individualisme. Naomi Wallace, originaire du Kentucky, s’est inspirée de sa propre expérience, témoin durant son enfance de l’antagonisme entre les classes ouvrières blanche et noire. « C’étaient mes voisins. Je dormais chez eux », se souvient l’autrice. « J’écoutais leurs conversations à table, leurs échanges de politesses, leurs espoirs, la vulnérabilité de leurs peurs, qu’ils montraient devant moi parce que tant que j’étais une enfant, j’étais encore inoffensive. »

C’est Dominique Hollier, comédienne dans L’arbre à sang et traductrice de la pièce d’Angus Cerini, qui a offert cette fois encore une première traduction française au texte de Naomi Wallace. Elle remarque la place particulière faite aux femmes dans la pièce de cette dernière. « Le féminisme et le politique s’articulent parce que l’un ne peut aller sans l’autre. Quand on essaie de mettre en lumière les populations opprimées, les oppressions, de montrer qu’autre chose est possible, on est forcément amené à parler des femmes, de leur force intrinsèque et de la façon dont elles s’opposent à ces dominations. » La pièce soulève aussi la question du capitalisme, et Naomi Wallace de s’interroger, en citant les Poèmes et chansons pour le théâtre d’Edward Bond : « Comment la société est-elle organisée ? Pour le bonheur des gens ? Ou afin que l’on puisse tirer du profit en autant de points que possible ? »

– Dominique Demangeot –

Qui a besoin du ciel, Nouveau Théâtre Besançon, du 11 au 15 mars
ntbesancon.fr

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