En mars, le Victor Hugo nous offre un programme baptisé Chants du Sud, dans lequel on pourra notamment entendre La Orilla del mar, pièce composée par le hautbois soliste de l’orchestre, Fabrice Ferez. Ce dernier nous parle de cette création et du texte de Victor Hugo qui l’accompagne.
Les circonstances de création de La Orilla del mar sont quelque peu… inhabituelles !
J’ai eu un petit accident de bris de côtes dans un escalier, un peu avant le confinement, je suis resté bloqué trois semaines sur mon canapé et cette idée m’est venue. Je me suis dit que l’orchestre ne joue pas souvent des pièces sur des textes de Victor Hugo alors qu’on s’appelle Victor Hugo ! Donc j’ai cherché et trouvé un texte de 1842, assez étonnant, sur l’arrivée de la guillotine sur le port d’Alger dans Choses vues. On sait que Victor Hugo n’est jamais allé à Alger, donc il a complètement fantasmé, inventé ce texte. Il y a de très belles descriptions du port d’Alger, et il fait un peu une histoire du monde méditerranéen.
C’est assez idyllique mais le texte se termine sur une toute autre couleur.
On voit un bateau qui arrive sur le port et des soldats qui déchargent des pièces de couleur rouge, et la dernière phrase du texte c’est : « C’était la guillotine qui arrivait sur le port d’Alger ». C’est une description très idyllique de l’endroit et une chute relativement tragique et brutale ! Et s’il fait cet effet-là, c’est que le combat de Hugo est le combat contre la peine de mort qu’on connait bien.
Cette pièce, que tu as pu terminer durant le premier confinement, est une mélodie, et Isabelle Druet assurera ici le chant.
Oui on a fait un très beau disque avec Isabelle, Jean-François Verdier et l’orchestre, qui s’appelait Muses, et ça m’a donné l’envie d’écrire une pièce pour eux. C’est une mélodie pour mezzo et orchestre. Il y a l’influence du mélodrame, qui est une forme particulière puisqu’Isabelle chante et parle un peu aussi. Dans le texte ce qui me plait, ce sont les couleurs. Alger la blanche, et les pièces de la guillotine qui sont rouges. Il y a vraiment un jeu sur les couleurs.
Quelles seront les autres œuvres interprétées dans ce programme intitulé Chants du Sud ?
Il y a L’Arlésienne, des extraits des Chants d’Auvergne de Joseph Canteloube, et puis un compositeur un peu moins connu qui s’appelle Jean-Gabriel Marie. On termine l’hiver bientôt, on a besoin de lumière et il y a beaucoup de musiques d’inspiration méditerranéenne dans ce programme. Et c’est ma première création d’une pièce pour orchestre, même si j’écris depuis longtemps, donc c’est quelque chose d’important !
Il y aura aussi plusieurs déclinaisons autour du concert du 5 mars.
Une Pause Dej’ de l’orchestre le 24 février aux 2 Scènes (12h30-13h30), mais aussi, au conservatoire à Besançon, une master classe d’Isabelle Druet de 17h à 19h le 1er mars, ainsi qu’un concert-lecture à 19h avec quatre autres pièces que j’ai écrites, jouées par des élèves du CRR. Notamment au final il y a une pièce que j’ai écrite sur un poème de Porfirio Diaz, un Chilien qui habitait le quartier Battant à Besançon et qui a fui le Chili au moment de l’arrivée de Pinochet en 1973. En 2002 j’ai écrit cette pièce qu’on a créée au Musée des beaux-arts, et avant de jouer la pièce on va projeter un 52 minutes que France 3 avait fait sur lui. Il y aura trois autres pièces, une que j’ai écrite au retour de tournée au Japon sur des poèmes japonais et français, une pièce pour viole de gambe et une autre pour traverso.
– Propos recueillis par Dominique Demangeot –
Chants du Sud, Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Besançon, Théâtre Ledoux (Les 2 Scènes), 5 mars à 20h
https://www.ovhfc.com/chants-du-sud-0 – https://les2scenes.fr/spectacle-vivant/chants-du-sud