Comme chaque saison à l’occasion de la nouvelle année, le Victor Hugo nous emmène à l’Axone et à Micropolis pour de grands rendez-vous qui favorisent le voyage dans des contrées lointaines. Après le cosmos il y a deux ans, et l’Orient en 2019, l’année 2020 débutera sous le signe des Balkans à Montbéliard et Besançon.
L’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté aime aussi associer à la fête des artistes invités à l’image de Geneviève Laurenceau l’an dernier, la violoniste ayant amené avec elle l’envoûtant concerto 1001 Nuits dans un harem de Fazil Say. Cette fois, c’est le Sirba Octet, représenté par son cymbalum et sa rythmique, qui jouera aux côtés de l’orchestre, pour interpréter ses Mélodies russes, klezmer & tziganes. En 2018, le Sirba Octet enregistrait un album reprenant des thèmes de cabaret tzigane et de musique klezmer, en compagnie d’un balalaïkiste et d’un orchestre symphonique. Ces concerts de Nouvel An devraient donc se dérouler sous le signe du métissage, regroupant des musiques roumaines, hongroises, moldaves, russes et tziganes, entre fête et mélancolie. Ce sera l’occasion de découvrir le cymbalum, instrument populaire en forme de trapèze, doté d’une centaine de cordes métalliques frappées à l’aide de petits marteaux.
Sirbat Octet – Photo : Bernard Martinez
Pour accompagner ces airs des Balkans, trois compositeurs qui ont, eux aussi, célébré les traditions musicales de leurs pays respectifs. De Brahms, on pourra écouter quelques-unes de ses fameuses Danses hongroises (1869), le compositeur s’étant inspiré d’airs joués au violon dans les cafés de Budapest. Le succès de ces adaptations fut tel que l’éditeur de Brahms lui commanda une suite en 1880. Il faut dire que ces danses avaient de quoi impressionner l’auditeur avec leurs alternances de tempi lents («lassus») et rapides («friskas»), leurs syncopes et leurs soudains changements de rythme. Bartók se consacrera lui aussi à l’intégration de musiques traditionnelles dans un contexte plus « savant », même si les mélodies qu’il choisira pour sa part seront davantage des musiques du peuple. Commandée par l’État hongrois en 1923, pour célébrer le cinquantième anniversaire de la fusion des villes de Buda et de Pest, la Suite de danses est elle aussi particulièrement contrastée, inspirée des voyages de Bartók dans les pays de l’Est. Ces pièces comportent donc des éléments venus de Bulgarie, de Hongrie son pays natal, de Roumanie mais aussi d’Afrique du Nord. Patriote sans être nationaliste, Bartók est très attaché au peuple et à la ruralité. « La xénophobie n’est répandue que dans les classes supérieures », écrira-t-il. Avec son grand ami le compositeur Zoltán Kodály, Bartók est un pionnier de l’ethnomusicologie, recueillant la mémoire musicale traditionnelle à travers les villages.
Ce programme pour la nouvelle année proposera également de découvrir Georges Enesco, compositeur roumain moins connu que ses prédécesseurs, qui créera notamment la Rhapsodie roumaine n°1. Celui qui fera résonner ses premières notes de violon à quatre ans, grâce à l’enseignement d’un joueur tzigane, né dans une famille paysanne pauvre mais où la musique était très présente, composera sa Rhapsodie roumaine n°1 en 1901, à vingt ans, lui adjoignant des airs ruraux populaires. Il y fait même siffler les instruments comme pour nous convier à la fête, et ils seront nombreux à se plonger dans cette œuvre exubérante et légère, mais néanmoins virtuose, dans laquelle s’enchaînent des danses populaires à l’image de la hora, ronde traditionnelle et collective. On y trouve aussi un « tube », l’air de l’alouette, Ciocârlia, très célèbre dans les Balkans et ayant inspiré le compositeur Goran Bregović pour la BO d’Underground d’Emir Kusturica.
– Dominique Demangeot –
Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Nouvel An: Fièvre des Balkans, Micropolis, Besançon, 11 janvier à 16h (concert famille) et 20h,
L’Axone, Montbéliard, 12 janvier à 16h
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