Si certains n’hésitent pas à brûler quelques milliers de tonnes de carburant pour s’offrir un selfie ou deux avec la planète bleue en arrière-plan, d’autres se disent qu’il reste encore beaucoup de choses à faire sur terre. Ces deux dernières saisons, la Scène nationale de Besançon avait initié un cycle baptisé Anthropocène, explorant la manière dont les artistes s’emparent de la question environnementale. Les 2 Scènes poursuivent la réflexion cette saison à travers un nouveau cycle, rebaptisé Sur Terre, mêlant spectacles, performances, conférences, ateliers et jeux, et qui se déclinera en deux temps forts. Le premier volet se tiendra du 9 au 15 novembre.
Avec Artefact (du 10 au 12 novembre), Joris Mathieu se penche sur le post-humain, en proposant un théâtre dénué de chair. Robots et intelligence artificielle ont remplacé les hommes, l’installation fabriquant ses propres décors, hologrammes et autres voix de synthèse. Joris Mathieu a souhaité convoquer Beckett et Shakespeare et les faire côtoyer des textes créés par logiciel. Le spectacle est à suivre casque sur les oreilles, pour réfléchir à la place que l’on souhaite laisser aux machines dans nos existences. Avec Hate au contraire (les 14 et 15 novembre), Lætitia Dosch s’accompagne sur scène d’une créature bien vivante, « tentative de duo » pour évoquer le chaos contemporain, sans essayer de maîtriser l’animal mais en s’adaptant à ses mouvements. La comédienne confie vouloir recréer la « relation utopique entre l’homme et l’animal », et le premier a sûrement beaucoup à apprendre du second.
Les autres propositions artistiques évoquent le changement climatique, à l’image de Inside (10 novembre). Bruno Latour et Frédérique Aït-Touati explorent la fameuse « zone critique », cet équilibre précaire entre harmonie et chaos. Leur conférence-performance mêle l’artistique et le scientifique (Frédérique Aït-Touati est metteuse en scène, Bruno Latour philosophe des sciences). Inside passe en revue les idées reçues sur la planète bleue, à travers projections d’images, cartes et dessins qui nous démontrent que l’on vit plutôt « dedans » que « sur » cette dernière. Avec Something Is Wrong (12 et 13 novembre), Frank Micheletti et Kubilai Khan convoquent la danse pour donner corps aux transformations du monde. Quatre danseurs et quatre musiciens traduisent le dérèglement climatique. Sur Terre proposera d’autres rendez-vous, à l’image d’une séance de tarot divinatoire avec la compagnie Une bonne masse solaire, ou encore une création poético-sonore de Nicolas Laurent en compagnie d’étudiants de l’Université de Franche-Comté.
Dominique Demangeot
Sur Terre #1, Les 2 Scènes, Besançon, du 9 au 15 novembre
Programme complet : www.les2scenes.fr