Besançon – Led Zep & Zappa Symphonic aux 2 Scènes

L’automne venu, l’Orchestre Victor Hugo a l’habitude de transporter son public dans l’univers du jazz. Cette année, c’est Franck Tortiller qui conduira la locomotive aux côtés du chef Jean-François Verdier. Un programme pour le moins (d)étonnant puisqu’il mêlera Led Zeppelin et Frank Zappa. Le vibraphoniste et compositeur viendra accompagné de son trio (batterie, basse, saxophone). Diversions a rencontré le musicien qui nous parle des esprits fertiles et fantasques de Zappa et Led Zeppelin.

Franck Tortiller – Photo : Laure Villain

Si les riffs plombés, précurseurs du hard rock du Zeppelin, et les diaboliques partitions de Zappa peuvent sembler antinomiques, tous deux partagent un premier point commun : l’époque à laquelle ils ont débuté. « Ce qui m’a toujours marqué, c’est les années 70 dans la pop culture anglo-saxonne qui a révolutionné beaucoup de choses », explique Franck Tortiller, « que ce soit la musique, le cinéma, les arts plastiques. Une révolution sociale, musicale, un peu comme ce qui se passait à Montparnasse dans les années 20 à Paris. Une fièvre créatrice. » C’est ce virus que le vibraphoniste a voulu réinjecter dans ses arrangements de deux titres de Zappa, qui datent justement de 1968 et 1973. Mother People, paru sur l’album détournant la pochette de Sergent Peppers des Beatles (We’re Only In It For The Money), semble d’ailleurs parodier aussi les arrangements vocaux des quatre de Liverpool. De Led Zeppelin, Franck Tortiller a adapté quatre titres, deux mégatubes, Stairway to Heaven et Kashmir (avec ses influences à la fois classiques et orientales), et trois morceaux moins connus dont Dazed & Confused. « C’est un peu eux les inventeurs du hard-rock, mais ils ont été aussi très influencés par le jazz, le blues, les musiques traditionnelles ». Le vibraphoniste remarque aussi que les artistes à l’époque n’obéissaient pas au même formatage musical qu’aujourd’hui. Des hits mais pas de morceaux taillés pour les radios. « La version originale de Stairway to Heaven fait tout de même huit minutes et quelques sur un format court comme le vinyle… Quand ils jouaient Dazed and Confused, il y a une version à Londres qui fait 48 minutes… ». On découvrira en particulier Achilles Last Stand, morceau de bravoure de dix minutes du Zeppelin, avec en colonne vertébrale la basse 8 cordes de John Paul Jones jouée au médiator, comme un cheval au galop.

Jean-François prend un vrai pari avec moi. C’est comme un feu d’artifice, tant qu’on ne l’a pas tiré, on ne sait pas très bien comment ça marche !
                                      Franck Tortiller

We’re Only In It For The Money, par Frank Zappa & The Mothers Of Invention

Dans ce programme, pas de guitare cependant ! « On a un batteur, Patrice Héral, assez fantasque, qui fait beaucoup de choses, très créatif, mais on va rester dans quelque chose d’orchestral. » Une large place sera évidemment faite à l’improvisation, spécialité, là encore, de Zappa comme de Jimmy Page et cie. « Ce qui me passionne beaucoup dans ces musiques, et ce qui va se passer avec le Victor Hugo, ce n’est pas tellement ce qu’on joue qui est important, mais comment on le joue. » On pourra aussi écouter une composition originale de Franck Tortiller, The Magnificent World Of Frank Zappa, qui s’inspire du couteau suisse à idées musicales qu’était l’Américain. « Il écrivait souvent une espèce de petit opéra, sur dix, quinze minutes. Joe’s Garage était un peu comme ça, des saynètes imaginaires, avec des choses ironiques sur le jazz, la pop, le twist. » Franck s’approprie l’esprit parodique de Frank, et reprend « un riff qu’il avait utilisé sur un de ses titres, que j’ai décliné ». Un voyage dans le jazz, la pop des sixties, le hard rock, la musique contemporaine, « et au milieu j’ai réorchestré un titre à lui, Igor’s Boogie, un hommage pour piano et toute petite formation à L’Histoire du soldat de Stravinsky ». Franck Tortiller pointe aussi le double statut du trublion moustachu, à la fois compositeur de musique contemporaine, « grand admirateur de Stravinsky, de Varèse, tout en étant une rock star, et en utilisant le prisme de la pop et du rock ». Un programme qui s’annonce donc versatile, tout en s’appuyant sur l’assise de l’Orchestre Victor Hugo. « Ce qui est intéressant c’est de s’approprier un univers fort » (et en l’occurrence ici, deux univers !, NDLR), « de rentrer dedans et de trouver un chemin pour y déambuler et faire quelque chose qui nous correspond.»

Propos recueillis par Dominique Demangeot

Led Zep & Zappa Symphonic, Orchestre Victor Hugo + Franck Tortiller et son trio, Besançon, Théâtre Ledoux, Les 2 Scènes, 10 octobre à 20h
https://les2scenes.fr/spectacle-vivant/led-zep-zappa-symphonic

Besançon, Doubs, Franche Comté, franck tortiller, franck zappa, jean françois verdier, led zep & zappa symphonic, led zeppelin, les 2 scènes, orchestre victor hugo, théâtre Ledoux, vibraphone

Powered by WordPress. Designed by Woo Themes

WordPress SEO fine-tune by Meta SEO Pack from Poradnik Webmastera