Autodidacte de la peinture, Isabelle Garnier expose jusqu’au 13 mars une grande série de tableaux au FJT Les Oiseaux à Besançon. On y voit des toiles voulues personnelles. Car si Isabelle s’adonne à son hobby depuis une quinzaine d’années, elle a d’abord réalisé des paysages et des portraits. Elle décide depuis trois ans d’emprunter une voie plus intime en imageant la matière astrale et géologique. C’est à l’automne 2015 qu’elle s’est sentie prête à exposer son ouvrage, d’abord à Saint-Vit (Doubs). Rencontre avec la peintre jurassienne, qui nous accorde au passage la toute première interview de son histoire…
Il semble que les planètes dominent le thème de l’exposition.
L’exposition démarre avec les planètes, puis on s’en rapproche pour visiter le côté marin. Mais c’est aussi les strates avec ses différentes couches, y compris de lave. Donc les textures terrestres.
Y a-t-il eu un élément déclencheur qui vous a tournée vers une perception spatiale ?
J’ai voulu tester des techniques dans mes peintures. Lorsque j’ai poursuivi, à mes yeux certaines toiles ressemblaient à des choses comme un océan vu du ciel. En continuant sur cette lancée, l’idée m’est venue d’utiliser des châssis ronds pour mes cadres. J’ai des formats diversifiés faits pour stimuler l’imagination. Le bleu est l’une de mes couleurs préférés. Cette dernière m’a suggéré le thème de l’eau. C’est ce qui m’a permis de rechercher comment produire une vision de mouvements.
Avant l’interview vous me disiez que ces tableaux avaient besoin d’être suffisamment éloignés les uns des autres : est-ce pour laisser au regard du visiteur un temps de respiration ?
Les tableaux ont besoin d’un certain espace entre eux afin d’être mis mieux en valeur. Au moment de l’accrochage, nous les avons quelque peu décalés. Ainsi, ils ne restent pas vraiment alignés. Leur disposition doit elle aussi donner du mouvement. C’est également agencé de manière à alterner les couleurs. Notamment conjuguer le bleu à des couleurs plus vives…
Le bleu est votre couleur fétiche, et pourtant sur l’ensemble, j’ai l’impression de voir beaucoup de couleurs d’orangées…
C’est vrai. Lors de l’exposition à Saint-Vit, 80% des toiles étaient à dominante bleue. Mais cette fois j’ai eu envie d’exploiter des teintes plus chaudes sur les thèmes de la terre et des strates. Alors une petite partie de la série est dans des tons oranges, ocres ou roses. Remarquez tout de même que le bleu demeure majoritaire !
La démarche est-elle abstraite ou choisie ?
Cela part d’une démarche abstraite, je n’ai pas une idée très précise en tête quand je peins. L’expression se fait à partir des couleurs que je prends selon qu’elles m’incitent à aller sur un thème aquatique ou terrien. La technique vient petit à petit et se mélange à une autre. Leur médium se dirige en fonction de mes centres d’intérêt, et de l’humeur du moment. Parfois, l’abouti peut comporter des surprises pour moi-même. Tout n’est pas planifié à la base. La peinture a sa propre vie.
On parle de planètes et d’océans. Mais autorisez-vous plusieurs lectures possibles de vos toiles ?
Oui, ne serait-ce que par leur côté abstrait. Moi-même quand je revois l’un de mes tableaux, trois mois plus tard, j’y trouve d’autres éléments. D’ailleurs les gens qui me connaissent depuis quelque temps disent également les redécouvrir sous de nouveaux aspects.
Peut-on dire que vos toiles relèvent de l’étrange, voire compoteraient un caractère psychédélique ?
Je dirais plutôt qu’elles font appel à l’imaginaire. J’y apporte souvent beaucoup de couleur. Notamment des gammes de bleu ou bleu-vert en essayant de donner des effets de mouvement de vagues, ou de ruissellements d’eau. Toutefois sur l’un des tableaux intitulé Le Big Bang, la notion de mouvement se rapporte à l’espace. De plus, je cherche à créer une impression de profondeur, ou encore des effets de texture. Actuellement je développe ma peinture en ce sens. Comme vous, plusieurs personnes me disent qu’il y a du psychédélisme dans mes tableaux. C’est tout à fait possible et ça n’est pas un problème. Les teintes avec lesquelles je compose sont intenses et vives. Les mélanges de pigments seront plus ou moins heureux selon les personnes qui les regardent.
Propos recueillis par Frédéric Dassonville
Exposition Isabelle Garnier, FJT Les Oiseaux, Besançon, du 22 février au 13 mars 2016