Avec leur album C’est à moi ça paru en 2023, le duo brestois (comme un Miossec dépressif, mais à deux) signait son manifeste chez Born Bad Records, chroniques d’une époque morose mais qui ne nous empêche tout de même pas de danser. Le groupe sera à La Rodia cet automne, lors d’une soirée où l’on pourra écouter également le post punk néerlandais de Tramhaus et danois de Gob Psychik.
La déprime, les Gwendo la revendiquent, la chantent, la scandent parfois, à la manière de Feu! Chatterton, mais le côté lyrique et Parisien en moins. Le côté sales gosses en plus. Et puis leurs musiques font bouger, des rythmes synthétiques et entraînants, des ritournelles nihilistes pour évoquer les « coups de poing dans les muqueuses », les « pizzas indus et pack de 16 » et Pôle Emploi (enfin France Travail maintenant). Chroniques d’une certaine France qui regarde d’en bas ceux qui la regardent de haut.
Sur scène, le duo est accompagné par une guitare noyée dans la réverbe et des claviers, des boîtes à rythmes (c’est surtout leur batteur qui est à France Travail, par conséquent). Il est vrai que l’intro de Rock 2000 sent bon les années 80 avec ses claviers permanentés, mais quand tu écoutes les paroles tu es moins jouasse. Qu’ils campent des réacs (Le sang de papa et maman) ou dépeignent avec acuité une « hémorragie sociale dans les campings » (Palace Meetic), les Gwendo font souvent mouche et on en redemande. C’est en effet l’une des formations qui parle le mieux aujourd’hui de ces villes aux bars qui ferment tôt dans la France périphérique, la France d’une certaine jeunesse en déshérence, celle d’Intervilles et des amicales laïques, quand ton grand projet de vie c’est d’aller « se noyer sur le trottoir devant chez Didier ». Ces gens qui savent qu’ils ne grossiront jamais les rangs de la catégorie Héros national. Après Martine à la plage, Gwendoline au bord du Doubs.
– Jean-Bernard –
Gwendoline + Tramhaus + Gob Psychic, Besançon, La Rodia,
17 octobre à 20h30 – larodia.com