En octobre, le Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté propose un focus sur la création transfrontalière franco-suisse. Réunissant le Théâtre Populaire Romand à la Chaux-de-Fonds, la Comédie de Genève et le CDN Besançon Franche-Comté, ce projet est baptisé MP#3 (Mouvement Perpétuel#3), mettant notamment en lumière le travail de jeunes metteuses en scène françaises et suisses, dont Camille Mermet et Rébecca Balestra.
En début de festival, le 23 octobre, le CDN convie le public à une journée festive en entrée libre, constituée d’un Brunch helvétique dès 11h au CDN, par Court-Circuit (réservation conseillée au 06 22 11 65 46), de moments musicaux par un quatuor… de cors des Alpes (écartez les meubles), ainsi que du concert de Louis Jucker, poète suisse punk et hippie (apparemment, c’est possible) « entre blues, folk et expérimentation dada », explique le CDN.
Du côté du théâtre, on pourra notamment découvrir Havre les 21 et 22 octobre. Le texte de Mishka Lavigne est mis en scène par Anne Bisang, directrice du Théâtre populaire romand à La Chaux-de-Fonds. Rébecca Balestra et Baptiste Coustenoble incarnent une professeure de lettres à l’université, et un ingénieur chargé de réparer la chaussée crevassée devant chez elle. Chacun/chacune expérimente aussi son propre vide, le deuil de sa mère pour Elsie, le déracinement et l’exil pour Matt, d’origine bosniaque. Du 23 au 25 octobre, la visite audio-guidée La Troisième vérité, conçue par Camille Mermet, sera de retour dans les rues de Besançon. Redécouvrez certains lieux bisontins, avec entre les oreilles une (re)lecture poétique de la cité comtoise.
C’est également la figure mythique de Médée qui sera convoquée du 22 au 24 octobre, l’épouse trahie, infanticide, fratricide et régicide, bourreau tout autant que victime, que la Cie du Gaz nous présentera en particulier dans sa relation avec Jason, venu chercher la Toison d’Or à la tête des Argonautes. Émilie Zoé, Prix suisse de musique 2020, accompagne de sa guitare et de sa voix les deux amants.
Du 26 au 28 octobre, Rébecca Balestra présentera enfin Olympia dans sa version piano et bande-son orchestrale. En 2019, Piano-bar mêlait l’écriture de la comédienne auteure avec des musiques de répertoire. Dans Olympia, la musique tient une fois encore une place centrale, Rébecca Balestra collaborant avec la Haute École de Musique de Genève. Rébecca a créé une galerie de personnages, « héros de la loose », dépeints dans onze poèmes à travers lesquels la comédienne explore le quotidien, parfois sordide, recherchant le trivial et le décalage comme lorsqu’elle évoque Migros et « les filets de perches en robe caftan rouge ». On parle de lendemains de cuite, de porno-addicts, mais dans un cadre qui n’exclut pas la puissance dramatique, comme l’explique encore la comédienne. D’où les références à plusieurs chanteuses dont les carrières ont oscillé entre le sublime et le tragique, Marlène Dietrich, La Callas, Dalida… « Olympia est un hommage à ces déesses scéniques », explique Rébecca Balestra, « avec les robes magnifiques et l’atmosphère sublime et surannée, la noirceur des textes. »
Dominique Demangeot
Focus suisse, Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté, Besançon, du 21 au 28 octobre
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