Les décors de Boris Gibé, c’est toute une histoire ! En 2017, il installait son Silo dans la cour de la Médiathèque Pierre Bayle. Aujourd’hui c’est à la Friche artistique des Prés-de-Vaux qu’il fait atterrir son « Grand Panopticum Anatomique », nouvelle boîte noire dans laquelle est plongé le public, mariant une fois encore poésie et sciences.
Un voyage que l’artiste nous promet sensoriel avec une expérience culinaire dans le noir pour habituer nos yeux à l’obscurité, et une création sonore faisant intervenir des œuvres lyriques de Wagner, Vivaldi, Grieg et Pergolèse. Mais le centre du spectacle, c’est une Vénus en suspension, sur le modèle des Vénus anatomiques, ces femmes en cire grandeur nature créées au XVIIIe siècle pour enseigner l’anatomie. « Difficile aujourd’hui de porter un regard sur cette femme cisaillée », souligne Boris Gibé, « qui fut mise en scène à l’époque comme la muse de l’assemblée sous le regard des hommes de science ou dans les entre-sorts forains comme une bête de foire lascive et endormie. »
Boris Gibé souhaite porter un autre regard sur ces femmes, dont la beauté était censée tenir la mort à distance. Anatomie du désir va dévoiler tout le mystère du corps, lieu de phénomènes complexes, microcosme dans le grand Tout (autre point central du spectacle), un univers à part entière bénéficiant aussi d’une création lumière « entre l’invisible, le visible et le perceptif », offrant une vue en plongée comme dans un théâtre anatomique. Boris Gibé a aussi eu recours à différents procédés en lien avec l’électricité, courants faibles ou à haute tension, champs électrostatiques, électrostimulation pour faire naître à nos regards son univers poétique, son « cirque métaphysique ».
– Dominique Demangeot –
Anatomie du désir, Besançon, chapiteau à la Friche artistique, du 5 au 16 novembre
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