Le Frac Franche-Comté débutait 2022 avec une nouvelle exposition collective qui met en lumière les artistes et la performance, « des œuvres ayant à voir avec les notions de durée, d’éphémère, de mouvement et de vivant », comme le souligne sa directrice Sylvie Zavatta.
Le week-end ACTION ! des 19 et 20 mars derniers, qui proposait de nombreuses performances d’artistes sur deux jours à la Cité des Arts, mettait en évidence cet élan vers l’autre, les artistes « allant vers » le public de manière directe, ce dernier pouvant même être, parfois, associé aux performances. Ainsi les visiteurs ont pu devenir « performeurs » en activant certaines des œuvres présentées. L’exposition au Frac Franche-Comté va notamment permettre d’aborder l’histoire de la performance et son évolution, qui prend ses racines dans les années 60 et 70, souvent dans un esprit contestataire. On peut y distinguer plusieurs sections, la première faisant état d’archives de performances et d’autres actions. Le collectif The Play, fondé au Japon en 1969, y est ainsi représenté. Ce collectif avait la particularité de réunir artistes et d’autres membres n’appartenant pas au monde de l’art, réalisant des actions à l’image de Wandering in the Wind (1976), qui consistait à marcher contre le vent durant plusieurs jours. Cette action donne d’ailleurs son titre à l’exposition. On notera que les traces gardées de ces performances ont aujourd’hui rejoint le monde de l’art.
De nombreux artistes immortalisent leurs performances en les filmant ou en les photographiant, et l’on peut en découvrir plusieurs dans l’exposition Aller contre le vent. Régis Perray, qui était venu dernièrement au Frac Franche-Comté pour y installer ses petites fleurs de l’Apocalypse, présente quelques-unes de ses performances, entre poésie et non-sens, comme lorsqu’il balaie le sable en plein désert. Les performances (ou plutôt leurs traces) présentées à la Cité des Arts prennent des formes et des thématiques très diverses. Souvent politiques (à l’image de Július Koller réagissant à la répression qui s’est opérée dans la Tchécoslovaquie des années 60), les actions effectuées par les artistes peuvent faire référence à des formes artistiques comme le Land Art avec Cyprien Gaillard, ou recéler une part d’intime, comme l’illustre la vidéo Green Green Grass of Home (2002), d’Emanuel Licha, qui donne à voir l’artiste Maja Bajevic reproduisant, en marchant, le plan de son appartement à Sarajevo avant la guerre de Bosnie-Herzégovine.
L’exposition présente aussi des performances où les visiteurs ont la possibilité de jouer un rôle, à l’image du Déparleur de Patrick Bernier et Olive Martin. Dans un quartier d’Audincourt en 2017, ces derniers installaient un métier à tisser, invitant les habitants à tisser en leur compagnie tout en faisant part de leurs expériences personnelles. Les pièces témoignent de ces échanges. Ailleurs, Alex Cecchetti invite le public à revêtir ses jupes pour danser à la manière de derviches tourneurs, tandis que La Machine de la Compagnie Labkine enseigne les gestes conçus par des chorégraphes contemporains.
– Marc Vincent –
Aller contre le vent – Performances, actions et autres rituels, Besançon, Frac Franche-Comté, du 22 janvier au 30 avril
www.frac-franche-comte.fr