BIOGRAPHIE
L’archipel
Bernard Lonjon est l’un des grands spécialistes du chanteur sétois. Après plusieurs ouvrages consacrés à Georges Brassens, il propose cette fois un agenda retraçant la vie entière de l’artiste, de sa naissance le 22 octobre 1921 jusqu’à sa disparition le 29 octobre 1981. En cette année doublement anniversaire, la Ville de Sète s’apprête à célébrer comme il se doit les cent ans de la naissance de l’artiste. Les agendas de Brassens, auxquels il a eu accès mais aussi de nombreuses lettres et autres documents d’archives, permettent à Bernard Lonjon de reconstituer la vie de l’auteur du Gorille et de bien d’autres chansons rentrées aujourd’hui dans notre patrimoine.
Avec Brassens l’enchanteur, on suit l’artiste au jour le jour ou presque, et dès 1938, les premiers poèmes naissent dans les cahiers d’écolier (les premiers larcins se font jour également). Bernard Lonjon n’omet rien, entre les virées avec les premiers copains à la fin des années trente (dont les plus proches, qui le resteront à vie), jusqu’au départ pour Paris chez une tante italienne au début de la guerre. Les premiers dépôts à la Sacem en tant qu’auteur arriveront en 1943, mais la vie de misère ne cesse qu’à la fin des années 40, grâce à la rencontre avec la chanteuse Patachou. Séduite, cette dernière l’engage pour faire ses premières parties et scelle son destin. Au début des années 60, c’est la consécration et Brassens est au sommet. On attend ses nouvelles chansons et tournées comme on le ferait d’un grand cru. Les dates se succèdent, entrecoupées d’extraits d’articles restituant l’artiste dans le paysage artistique à différentes époques, des citations tirées d’interviews où l’artiste évoque par exemple sa manière de créer. « Pour moi, composer une chanson, c’est d’abord trouver un rythme », commente-t-il le 5 février 1957. Les anecdotes défilent, à l’image de ce moment surréaliste où Brassens découvre le « walkman » par l’entremise d’Yves Simon qui lui met entre les oreilles… du Led Zeppelin.
« Un rideau, deux instruments à cordes, une voix et une poursuite : à Bobino, Brassens compose une figure de style unique faisant de sa prestation un cas d’école. »
Le livre de Bernard Lonjon détaille les amitiés insubmersibles et formatrices, le Brassens côté public et côté privé. Il y a aussi les femmes, beaucoup de conquêtes comme « la Jeanne » et « Püpchen » l’amour de toujours. Pour chaque année écoulée, Bernard Lonjon précise les chansons à succès de l’époque, histoire de resituer la carrière de Brassens dans son contexte culturel. On peut lire au fil des pages des extraits de poèmes ou de chansons, publiés ou inédits, et le livre nous offre en outre une exploration en profondeur des textes et de la musique. On apprend ainsi que P… de toi et Le mauvais sujet repenti sont inspirés d’une idylle avec une certaine jeune Jo qui lui refilera quelques gonocoques… Au fil des jours et des années, on en apprend enfin davantage sur les engagements de Brassens, anarchiste atypique, grand timide à la dent dure, rétif au vote (qu’il ne pratiquera jamais), et qui a su mettre sa vision de la vie dans ses chansons.