Stax/Caroline International
Hormis le réenregistrement de Jah Work dans le cadre d’une œuvre caritative, il faut remonter à 2007 et l’album teinté de soul Lifeline pour retrouver trace d’une collaboration entre le tatoué et les criminels innocents. Entre temps, Ben Harper leur a préféré les Relentless7 en tant que backband pour se diriger vers des sonorités plus rock et blues, même si le trio n’était pas toujours crédité sur les pochettes des albums (White Lies For Dark Times, Get Up ! avec Charlie Musselwhite).
Ce long hiatus a donc fait naitre une impatience légitime, surtout lorsque l’on considère que c’est avec ces musiciens que Ben Harper a réalisé ses meilleures productions, Fight For Your Mind et The Will To Live en tête. Aussi, après un détour par sa maison d’enfance, le métisse retrouve ce bon vieux Juan Nelson et consorts. On peut donc espérer un retour à un folk très roots, plein de groove. On retrouve alors ces trois critères sur le single et titre éponyme qui peut servir de carte de visite pour qui ne connaitrait pas l’œuvre du groupe. De même, Harper laisse transparaitre son amour pour la soul sur l’enjoué Shine qui fait honneur à notre déhanché.
L’écoute de Call It What It Is laisse cependant un petit goût d’inachevé, avec des titres dispensables car peu inspirés et accuse un démarrage au diesel. En effet, le morceau rock d’ouverture ne laisse pas un souvenir inoubliable (la stonienne When Sex Was Dirty pas si sale que ça). La ballade Deeper And Deeper n’a pas ce petit quelque chose qui pourrait la rendre magique. Et quand le reggae fait son apparition sur Finding Our Way, on préfère passer notre chemin. Mais bien heureusement, ces titres en-dessous ne sont que quelques minutes sur l’ensemble du LP et d’autres pistes sont là pour nous les faire oublier. On citera How Dark Is Gone, une chevauchée lancée par les percussions de Leon Mobley qui donne un petit côté world. Dance Like Fire et sa mélodie made in Ben Harper offre un moment d’évasion en apesanteur, la B.O. d’une session de long board au crépuscule. All That Has Grown est une petite parenthèse d’americana épurée, comme un appendice au titre Paris Sunrise #7 de Lifeline. Goodbye To You vient conclure la production avec son aura mystique.
Même s’il n’est pas parfait, Call It What It Is vient quand même mettre un terme à cette disette de presque dix ans de Ben Harper et des Innocent Criminals, et montre que même en dehors de quelques moments un peu en-dessous, l’alchimie reste intacte.
– Florian Antunes Pires –