Si vous vous intéressez de près ou de loin à la danse en région, vous avez nécessairement eu vent des actions du Centre chorégraphique national de Bourgogne-Franche-Comté à Belfort. Héla Fattoumi, Éric Lamoureux et toute l’équipe de VIADANSE font face eux aussi aux conséquences de la pandémie, qui affecte de manière très particulière danseuses et danseurs. Les projets se poursuivent cependant, et notamment des ateliers de danse à suivre en vidéo à partir du 2 mai. VIADANSE opère un pas de côté pour mieux repartir la saison prochaine.
Si l’on peut imaginer sans trop de difficultés un musicien pratiquer son instrument chez soi devant un pupitre, il apparaît plus compliqué de pratiquer la danse dans son salon ou garage… Manque d’espace, sol non adapté pouvant même devenir dangereux pour le pratiquant… Le monde de la danse vit très mal ce confinement imposé par la pandémie, et appréhende également l’heure du retour dans les salles de spectacle. Si quelques personnes continuent de se rendre à VIADANSE pour gérer les affaires administratives et financières requérant des logiciels spécifiques, la plupart des collaborateurs optent pour le télétravail comme souvent.
Du côté de VIADANSE, la fin de saison n’aura pas lieu, avec ses dernières sorties de chantiers (les Openvia), ainsi que les ateliers donnés auprès de publics divers. Éric et Héla ont également dû se résoudre à mettre à l’arrêt provisoire leur grand projet de création 2020, Akzak, qui fait intervenir des danseurs venus de trois pays d’Afrique, Maroc, Tunisie et Burkina Faso. « Dès le 14 mars, on les a fait rentrer », explique Éric Lamoureux. Plusieurs danseurs n’ont cependant pu repartir et sont hébergés actuellement à Belfort. La pièce, qui devait d’abord être présentée au Maroc, en Égypte et en Tunisie, est donc mise en stand by, avec toutes les conséquences financières – et artistiques ! – que cela implique.
Si le début de saison prochaine, jusqu’en décembre, paraît fortement compromis, toute l’équipe de VIADANSE garde tout de même l’art chorégraphique en ligne de mire en proposant, dès le 2 mai, un projet participatif, baptisé Hourra, et proposant aux habitant.e.s de rentrer dans un processus de création. Le co-directeur du centre chorégraphique envisage aussi ce moment de confinement comme « un temps de dépôt, de ralentissement », pour « réfléchir à ce métier, au rôle de l’artiste dans la cité ». À VIADANSE, l’artiste est très souvent au contact du grand public, à l’occasion d’ateliers divers et de projets participatifs. Hourra sera l’un de ces temps de rencontre et de découverte, adapté à ces temps épidémiques.
Chaque samedi durant deux mois, rendez-vous est donc donné à celles et ceux qui le souhaitent, via visio-conférence (Zoom), pour suivre des petits tutoriels en direct, dispensés par Éric Lamoureux. «Cela permettra aux amateurs d’entrer dans un processus de création, de leur donner les bases d’un nouveau projet participatif émanant d’Akzak», explique le co-directeur du CCN. Hourra, qui sera présenté à Belfort au printemps 2020, partage plusieurs points communs avec la nouvelle création d’Éric Lamoureux et Héla Fattoumi, qu’il s’agisse de partage, d’écoute de l’autre ou encore de multiculturalisme. « L’une des bases d’Akzak, c’est justement l’incorporation de structures rythmiques », ajoute Éric, qui proposera ainsi en mai et juin huit tutoriels de 10 à 15 minutes chacun. Chaque séquence portera le prénom de l’un des danseurs officiant dans Akzak. Et comme toujours avec les créations participatives de VIADANSE, tout un chacun pourra prendre du plaisir sans avoir nécessairement de pré-
requis techniques. Des claps de mains seront les éléments de base de la chorégraphie, premiers mouvements qui se transformeront ensuite en danse. Notons que ceux qui ne pourront pas suivre les exercices en live pourront les retrouver dès le lendemain sur les réseaux en ligne de VIADANSE. Pour en savoir plus, une seule adresse, avant de se retrouver en vrai : viadanse.com !
– Dominique Demangeot –