La Ville de Belfort organise une dernière exposition à la Tour 46 avant l’ouverture de son nouveau pôle muséal d’ici un an environ. Regards sur le monde flottant, c’est un voyage au Pays du soleil levant, à travers de nombreuses estampes et autres pièces de collection.
Provenant majoritairement du fonds japonais des collections municipales, les pièces présentées se composent notamment d’estampes et crépons donnés à la Ville par le sculpteur, dessinateur et collectionneur Camille Lefèvre (1853-1933) et son épouse Marie Richon en 1932. Très attachée à Belfort, cette dernière y fut infirmière bénévole pendant le siège de 1870-71. On peut aussi découvrir des éléments d’armement comme des katanas, tsubas ainsi qu’une armure de samouraï, que les musées de Belfort possèdent depuis 1909. L’occasion d’en apprendre plus sur la production d’estampes au Japon et leur réception en France à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. L’exposition à la Tour 46 va donc nous présenter l’archipel nippon à travers ses maisons traditionnelles et ses paysages, les courtisanes, les acteurs du théâtre Kabuki ou encore les samouraïs. Des prêteurs ont permis de présenter quelques objets, artefacts et livres (dont le Musée de l’Image d’Épinal, la Bibliothèque Grand’rue à Mulhouse, le Musée du papier peint de Rixheim et les Musées historiques Saint-Rémi de Reims).
C’est à l’occasion de la visite des réserves des arts graphiques, à son arrivée à la Ville de Belfort, que Cécile Griessmann a repéré les estampes. « Je ne m’attendais pas à trouver un tel fonds à Belfort », a expliqué la nouvelle conservatrice et directrice des Musées et de la Citadelle, lors du vernissage d’octobre dernier. « Il se trouve que ces estampes n’avaient pas été présentées depuis plusieurs décennies et qu’il y a une vraie demande, en particulier chez les jeunes, pour la thématique du Japon ». L’exposition, divisée en deux parcours, aborde notamment les techniques de production des estampes, et les différents genres composant l’Ukiyo-e, technique de l’estampe japonaise, mouvement artistique apparu au Japon à l’époque Edo (1603-1868). On trouve par ailleurs dans l’exposition les sept volumes de la Manga, collection de dessins de l’artiste japonais Hokusai. Ce premier parcours, bleu, traite aussi de la réimpression des planches les plus populaires sur papier crépon notamment. La fabrication de faux, pour satisfaire à une forte demande au Japon comme à l’étranger, est également abordée.
Les estampes de la collection de Camille Lefèvre datent principalement de la seconde moitié du XIXe siècle. « Ce qui est intéressant, c’est que c’est une collection constituée par un artiste, et au XIXe siècle les artistes ne vont pas regarder les estampes de la même manière que les historiens d’art, les hommes de lettres, le grand public », souligne Cécile Griessmann, « et donc il me semblait intéressant d’explorer la diversité de ces regards qui ont été portés sur l’estampe ». C’est ce que va proposer le second parcours, rouge, qui traite également de l’intérêt en France, à partir de la fin du XIXe siècle, pour les estampes japonaises, un engouement pour l’exotisme qui durera jusqu’au début du XXe siècle.
– Paul Sobrin –
Regards sur le monde flottant. La collection d’estampes japonaises de Camille Lefèvre, Belfort, Tour 46, du 19 octobre au 16 mars
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