Diversions a rencontré les frères Putzulu, Bruno, comédien et Mario, auteur et metteur en scène, à l’occasion d’une résidence au GRRRANIT SN de Belfort en décembre dernier. Ils ont évoqué pour nous la création de la pièce La Lettre, dont les premières seront données à la salle de La Coopérative les 2 et 3 février prochains. Luca part retrouver son père en Sardaigne, un berger sarde, jadis Zuani, qui avait quitté son île pour venir travailler en France dans une usine. Luca est né en France, et Zuani est devenu Jean… La Lettre raconte le périple de Luca qui découvre la branche italienne de sa famille.
Bruno Putzulu
Vous et votre frère avez des racines italiennes. Dans quelle mesure La Lettre reflète-t-elle vos propres origines ?
C’est vrai qu’il y a une similitude, la rampe de lancement pour la pièce est vraie, mais je n’ai pas de frère en Sardaigne, c’est complètement de la fiction. Pendant la pièce, j’imite un peu le père… notre père… Il y a des personnages qui existent en Sardaigne, des personnages qui existent en France…
Ce n’est pas la première fois que vous venez au GRRRANIT SN !
Je suis venu à Belfort pour jouer Les Ritals au Grrranit avant qu’il soit en travaux, et aussi faire une lecture spectacle ici à la Coopérative sur Je me suis régalé, conversation avec Philippe Noiret, et j’ai le bonheur d’être artiste associé. La directrice Eleonora Rossi m’a proposé ça et je lui en suis très reconnaissant !
Bruno Putzulu – Photo : Diversions
Trouve-t-on des similitudes entre ces deux autres propositions et La Lettre ?
Il y a des similitudes entre Les Ritals et La lettre : le père, la France et l’Italie, deux pays aimés, mais quand on est sur la terre de l’un, l’autre nous manque et vice-versa !
Vous avez déjà une longue expérience de la scène…
J’ai fait longtemps partie d’une troupe puisque j’ai été douze ans à la Comédie française. Sur Les Ritals, on avait une production : le magazine Radici (racines en italien, NDLR), revue franco-italienne dont le directeur est Rocco Femia, qui joue aussi dans la pièce le rôle de Ricardo, le frère de Lucas. Et puis là on a continué l’aventure ensemble. On peut faire ce projet grâce au GRRRANIT SN, à la ville de Belfort, à Eleonora Rossi qui n’hésite pas à mettre les artistes en valeur.
Mario Putzulu
Quelle est l’origine de ce texte ?
Au départ c’étaient des gribouillages dans des fonds de tiroirs, des notes prises après la mort de mon père, que j’ai rassemblées et réécrites à la faveur de ce projet. Pour moi l’intention c’était surtout de prolonger la vie de mon père, de faire en sorte qu’il ne soit pas condamné au néant. La façon dont j’en parle, ce n’est pas très joyeux, mais en fait c’est une entreprise optimiste !
Mario Putzulu – Photo : Diversions
Dans la scène où Luca s’adresse à son père atteint d’Alzheimer, on remarque un anachronisme par rapport à Bruno, quand il évoque la fameuse voiture des années 60, la Simca…
La Simca oui ! Bruno qui joue le rôle de Luca, n’a pas connu… Moi je suis beaucoup plus âgé que lui. J’ai fait un mix entre lui et moi : ce que j’ai vécu et ce qu’il a vécu. Et donc la Simca c’est tout à fait réel !
Comment avez-vous imaginé la scénographie ?
Elle vient essentiellement de Vincent Lemonnier qui est notre éclairagiste, qui avait aussi créé la lumière sur Les Ritals. L’idée maîtresse c’est une épure maximum. On n’est pas dans la représentation d’intérieurs réels. Même les accessoires sont réduits au strict minimum. Il y a un rideau de fils qui sert à délimiter des espaces différents, et aussi de projection pour des extraits de la lettre. On découvre son contenu au fur et à mesure, entre les scènes. Le rideau sert aussi pour quelques projections d’images à partir de photos personnelles.
La Lettre, Belfort, GRRRANIT SN (salle de La Coopérative), 2 février à 20h, 3 février à 19h
https://www.grrranit.eu/agenda/la-lettre