Le 25 septembre dernier, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux présentaient la première d’Akzak au festival Zébrures d’automne à Limoges. Aux côtés du compositeur Xavier Desandre Navarre, ils ont croisé les énergies de cinq pays pour faire résonner cette nouvelle création où la notion de communauté n’est pas un vain mot. Après des dates en Martinique et en Suisse notamment, le vaisseau Akzak passera par le Grrranit de Belfort les 12 et 13 novembre, puis aux Scènes du Jura à Dole le 17.
Sur scène, douze danseurs et danseuses, venus principalement du Burkina Faso, de Tunisie et du Maroc. Quelques interprètes français et égyptiens viennent s’ajouter à la troupe montée pour l’occasion. A la base d’Akzak, il y a cette volonté de faire corps, dans tous les sens du terme. Pour les interprètes, faire corps ensemble, malgré leurs singularités (leurs parcours sont très divers, dont certains autodidactes). Le parti-pris également d’utiliser les corps comme des percussions pour donner vie à la partition imaginée par Xavier Desandre Navarre. Afin de réunir ces identités, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux ont imaginé un processus s’inspirant des expériences de chacun. C’est ce fameux « dialogue Nords-Suds » auquel sont attachés Eric et Héla qui fait que la partition d’Akzak est tissée de styles aussi divers que le classique et le contemporain, les danses africaines et européennes.
Mais unité ne signifie pas uniformisation, et chaque danseur exprime aussi son individualité à travers un solo. Aksak est un terme issu de la langue turc, signifiant « à contretemps » dans la musique ottomane, un contretemps qui s’incarne dans les ruptures occasionnées par les origines diverses présentées dans la pièce. Chacun.e apporte en effet sa propre matière dansée, se passant le relais au moyen de tubes colorés. Douze danseurs et danseuses, et un treizième compagnon, Xavier Desandre Navarre, assurant les percussions en direct. Le sous-titre, L’impatience d’une jeunesse reliée, a résonné d’une drôle de manière lorsque les répétitions ont été perturbées par le confinement, les danseurs marocains ayant même été assignés à résidence à Belfort ! Cette parenthèse inattendue (le contretemps, là encore!) n’a pas empêché la troupe de mener à bien le projet.
Via les ailleurs
Dans le cadre de la création d’Akzak, un temps fort est proposé du 10 au 14 novembre, avec un focus sur la création africaine au sens large, pour « se décentrer du prisme culturel occidental » comme le souligne VIADANSE. Le 10 novembre à 20h, le chanteur tunisien Jawhar sera à La Poudrière pour présenter sa musique entre tradition du Maghreb et pop folk occidentale. Le 14 novembre à 18h, VIADANSE accueillera Taoufiq Izeddiou et sa pièce Borderlines autour de la question de la frontière. Cette pièce pourrait être remplacée par une performance de Taoufiq aux côtés du musicien libanais Sharif Sehnaoui. Quant à la cie Chantiers Publics d’Hamdi Dridi, elle présentera à la Coopérative, le 14 novembre à 20h, le solo dansé Acte(s) et sueurs.
Dominique Demangeot
Akzak, Belfort, Le Grrranit (Maison du Peuple), 12 et 13 novembre à 20h, Dole, Scènes du Jura (La Commanderie), 17 novembre à 20h30
www.viadanse.com