Auxerre-Chalon-sur-Saône – Humanismes d’Orient et d’Occident

L’Orchestre Dijon Bourgogne se consacrera en cette fin d’automne à une tournée régionale pour présenter son programme Humanismes d’Orient et d’Occident, qui mêle le répertoire de Beethoven, dont on fête cette année les 250 ans de la naissance, et celui de deux musiciens contemporains. La formation passera par Auxerre et Chalon-sur-Saône, pour un programme large aux entournures, entre grand répertoire symphonique et esthétiques modernes.

Mathieu Herzog – Photo : Rémi Rieire

C’est le grand Ludwig qui débutera et clôturera ce programme avec deux pièces, dont la première, Ouverture de Coriolan, est dédiée au poète Heinrich-Joseph von Collin. Cette ouverture qui « ne peut manquer d’impressionner profondément tout auditeur qui en connaît d’avance le sujet », comme l’écrira Wagner, fut interprétée pour la première fois à Vienne en décembre 1807, relatant le destin tragique d’un général romain condamné à l’exil. Les observateurs seront nombreux à rapprocher le sort de Coriolan de celui de Beethoven, coupé lui aussi du reste du monde (mais pas de la musique, bien heureusement) à cause de sa surdité. Musicalement, cette ouverture symphonique contraste avec l’écriture classique, composée de fréquentes ruptures de tons, à l’image des accords dissonants de l’introduction, une œuvre où se succèdent la fougue puis l’apaisement.
De Beethoven, on pourra également écouter la Symphonie n°5, la plus célèbre du maître avec ses quatre premières notes quasiment passées dans l’inconscient collectif. Là encore, Beethoven propose une œuvre révolutionnaire, créée en 1808, délaissant l’introduction classique pour débuter par un inhabituel Do mineur tragique (comme dans l’Ouverture de Coriolan), instillant un accord dissonant en plein milieu de son contrasté Andante con moto, tour à tour lyrique et guerrier.

Camille Thomas – Photo : Dan Carabas
– Deutsche Grammophon

Cette volonté de triompher, cette détermination, on les retrouve dans le Concerto pour violoncelle & orchestre de Fazil Say (2017), baptisé Never Give Up (N’abandonne jamais). Originaire de Turquie, le compositeur est avant tout un citoyen du monde qui a souhaité composer ici « une clameur d’appel à la liberté et la paix » comme il le dira lui-même. Dans l’Adagio du deuxième mouvement, les percussions simulant des détonations, le violoncelle jouant sur les glissés et les dissonances, laissent imaginer un univers de conflit, la terreur de la guerre, des passages qui sont d’ailleurs baptisés par le compositeur « Kalaschnikof » et « like a scream » (« comme un hurlement »). Mais ce concerto résolument moderne s’achève sur un troisième mouvement enjoué, un espoir retrouvé tandis que le compositeur convoque les rythmes de sa Turquie natale. Les cordes imitent quant à elles le chant des oiseaux et le bruit des vagues. L’ODB accueillera pour l’occasion la jeune violoncelliste Camille Thomas qui avait créé la pièce en 2018 aux côtés de Fazil Say et de l’Orchestre de chambre de Paris. Cette œuvre n’est pas sans filiation avec Orient et Occident, pour orchestre à cordes (2000) d’Arvo Pärt. Cette pièce brève, en un seul mouvement de sept minutes, transportera l’auditeur dans un univers minimaliste et mystique.

Marc Vincent

Orchestre Dijon Bourgogne – Humanismes d’Orient et d’Occident, Auxerre, Le Théâtre, 4 décembre à 19h30, Chalon-sur-Saône, Espace des Arts, 5 décembre à 17h
www.orchestredijonbourgogne.fr

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