> Article publié à l’origine dans le numéro de mars 2016 du journal Diversions Aire urbaine – Diversions Aire urbaine mars 2016 –
Rassurez-vous, le Moloco ne s’est pas reconverti en centre aéré pour gamins volontiers rieurs et prépubères. La Colonie de Vacances, ce sont quatre groupes, déjà bien agités du bocal individuellement, et qui additionnent de belle manière toutes ces folies en un seul concert de rock tour à tour synthétique, noisy voire étirant ses tentacules vers la transe. Un rock de sorciers. On vous aura prévenus…
À l’origine, La Colonie de Vacances, c’est le nom d’une tournée qui réunissait quatre formations durant l’été 2010. Papier Tigre, Electric Electric, Pneu et Marvin avaient décidé de tailler la route ensemble, et de jouer lors du festival Rayons Frais en juillet, chacun des groupes se produisant à l’un des coins de la cour du château de Tours. Le concept de sound system quadriphonique était né, et face au succès de cette première expérience, les quatre groupes ont décidé de renouveler la chose. Véritable création scénique, ce spectacle atypique sera présenté au Moloco d’Audincourt le 25 mars, qui se transformera pour l’occasion en arène sonore.
Pneu, Electric Electric, Marvin et Papier Tigre s’adonnent donc à un dialogue musical, des conversations sonores à deux, trois ou quatre voix. Il faut dire que les musiciens avaient dès le départ des atomes crochus, et notamment un goût assez prononcé pour les expérimentations tous azimuts, même si la veine principale demeure avant tout rock. Pneu sont ainsi de dignes représentants hexagonaux de ce que l’on a appelé le math rock, avec leur noise à deux têtes – guitare/batterie – qui n’exclut pas la dimension mélodique.
Chez Electric Electric aussi, ça tape fort. Les Strasbourgeois qui publiaient fin 2012 leur deuxième album sont également, là encore, adeptes du mélange des genres. Entre rock organique et récurrences post punk, transes parkinsonniennes – à l’image du fiévreux La Centrale – et digressions multiples, Electric Electric sont de redoutables manieurs de percus et de sons – de percusons ? -, là encore habitués aux brinquebalants mais solides échafaudages sonores.
Les Nantais de Papier Tigre, eux non plus, ne sont pas à quelques – voire plusieurs – digressions près dans leurs compositions. Trois albums, sortis de leurs esprits féconds entre 2008 et 2012, auront suffi pour faire mûrir leur réputation de groupe de rock ébouriffé, aux mélodies tortueuses, aux breaks intrépides, agrémentés de quelques chatouillis pop et de badineries plus dansantes. Une musique loin d’être évidente au premier abord, mais qui vous sort, à coup sûr, des chemins balisés.
Il nous reste Marvin à présenter pour en avoir terminé avec cette joyeuse équipe de groupes. Pas étonnant d’ailleurs que ces quatre formations se soient consacrées il y a quelque temps à un split en studio. Leurs ADN semblent indéniablement faits pour s’entrelacer amoureusement. Marvin, c’est un trio mixte – deux hommes une femme trois possibilités – qui souffrent eux aussi de sévères fourmis dans les jambes. Leur rock cavalcade, même si le trio apprécie également les claviers – pour les basses ronflantes – et les vocoders. Leur dernier opus en date – Barry, 2013 – s’approche davantage de couleurs métal, hybridées à des tendances psychédéliques ou indus.
Des sorciers, on vous disait..
– Dominique Demangeot –
La Colonie de Vacances : Pneu, Electric Electric, Papier Tigre, Marvin, Le Moloco, Audincourt, 25 mars à 20h30
www.lemoloco.com