Article publié à l’origine dans l’édition d’octobre 2017 du journal Diversions – consulter le PDF ici –
Free. Voilà bien un titre d’album, sorti il y a tout juste un an, qui sied à merveille à Guillaume Perret, que le Moloco recevra le 13 octobre prochain dans le cadre de la programmation Jazz dans l’Air(e). Autre fait marquant à connaître : le musicien se produira seul à Audincourt, accompagné de son saxophone et de machines pour présenter une partie de son répertoire qui détonne dans le monde du jazz moderne.
Si le saxophoniste viendra en solo sur l’Aire urbaine, c’est au sein de son groupe The Electric Epic qu’il se faisait connaître à la fin des années 2000. Accueilli par John Zorn himself sur son label Tzadik, Guillaume opère une fusion jazz qui attire l’attention des auditeurs, et semble se jouer des frontières musicales sur son nouvel album. Seul en scène, l’artiste l’a été aussi lorsqu’il a fallu composer et jouer ce nouvel opus. Son saxophone électrifié passe ici par tous les états, secondé par des effets électroniques qui décuplent quasiment à l’infini la palette sonore de l’instrument. Dès lors, le son traditionnel du saxo n’est plus que l’une des composantes de la palette de Guillaume. Sur Free, son instrument se fait tour à tour percussion, synthétiseur, voix… La technologie permet au musicien de se démultiplier et d’assurer seul le rôle d’orchestre, comme on pourra le voir sur la scène du Moloco le 13 octobre.
L’enregistrement possède lui aussi ce côté live, dans la mesure où Guillaume Perret n’a joué qu’une fois chaque morceau, s’interdisant l’ajout d’effets ultérieurs. Entre électro et jazz plus traditionnel – mais ce terme a-t-il encore un sens avec Guillaume Perret ? -, entre le tempo rugueux de Pilgrim, aux accents balkaniques et les volutes enivrantes de Walk, le saxophone serpentant le long d’une partition hypnotique, l’artiste nous offre un album enregistré, édité et mixé en neuf jours. Free ne s’encombre pourtant pas d’expérimentations sonores à l’infini, même si les sessions d’enregistrement furent, du propre aveu de l’artiste, épiques ! Pour Birth of Aphrodite qui clôt l’album, Guillaume s’est inspiré du tableau de Botticelli, pour nous faire entendre le ressac de l’eau d’où surgit la déesse. Free ressemble d’ailleurs à un océan sonore tour à tour déchaîné ou apaisé, sur lequel l’auditeur accomplit un voyage où l’ennui n’a pas sa place.
– Paul Sobrin –
Guillaume Perret + Potlatch, Le Moloco, Audincourt, 13 octobre à 20h30
www.lemoloco.com