En 2021, les éditions Au Diable vauvert fêtent leurs 20 ans, et pour célébrer comme il se doit deux décennies d’une belle aventure éditoriale, la maison s’offre un ouvrage où, pour une fois, elle nous parle d’elle.
Aventure est bien le terme adéquat lorsque l’on revient sur la création d’une maison d’édition, surtout lorsque cette dernière s’installe non pas dans la capitale, mais « en pleine Camargue », région où sa créatrice Marion Mazauric a ses racines familiales. Le Diable à 20 ans retrace le parcours de la maison d’édition, en commençant par le départ de Marion des éditions J’ai Lu. Il fallait sauter le pas, Marion Mazauric l’a fait. Des premiers soutiens, forts, d’autres éditeurs (Flammarion, Paul Otchakovsky-Laurens, Jean-Claude Fasquelle) et d’auteurs comme Pierre Bordage et Ayerdhal, à la création de la collection poche en 2020, Marion Mazauric et de nombreux témoins, auteurs, éditeurs, libraires, reviennent sur cette diabolique entreprise éditoriale qui a contribué à donner ses lettres de noblesse aux pop cultures, proposant un catalogue décloisonné (comme on peut s’en rendre compte en consultant l’intégralité des parutions listées en fin d’ouvrage).
Le Diable à 20 ans revient également sur le renouveau littéraire des années 90, avec l’apparition de quelques « même pas trentenaires » à l’image de Virginie Despentes, Vincent Ravalec, Michel Houellebecq, Nicolas Rey… publiés dans la collection Nouvelle Génération chez J’ai Lu. Avec sa maquette versatile et son diablotin qui a la bougeotte, Au Diable vauvert pratiquait aussi une édition engagée, voire militante, prônant notamment une littérature populaire au bon sens du terme, et remettant en lumière le « genre » de la science-fiction, accompagnant également le courant cyberpunk. Cet ouvrage anniversaire ne manquera pas d’inspirer une nouvelle génération d’éditeurs (Le Diable en cite d’ailleurs quelques-uns, comme Le Tripode), car Le Diable à 20 ans n’oublie pas les contingences économiques, les fameux comptes d’exploitation et les moments de doutes, sans oublier les actionnaires (plutôt conciliants avec le Diable cependant !). Et si rien n’est jamais acquis, Marion Mazauric et son équipe ont néanmoins su mener leur barque en ce début de XXIe siècle, sans trop avoir à tirer le diable par la queue.
Dominique Demangeot