Cet été, la Saline royale nous propose de découvrir le travail de Luc Schuiten, architecte belge qui a toujours étroitement mêlé, dans ses créations, l’homme et la nature. L’exposition Les panoramas de 2100 est là pour nous le rappeler, mais aussi la nouvelle édition du Festival des Jardins, consacrée cette année au travail de l’architecte. Quant aux murs de la Saline royale, ils seront une nouvelle fois investis par les créations visuelles de Dominique Landucci, scénographe du son et lumière à retrouver cet été du 20 juillet au 18 août.
Reportage de Diversions sur l’exposition Les Panoramas de 2100 par Luc Schuiten
18e Festival des Jardins
Les élèves d’écoles d’architecture du paysage et d’aménagement paysager ont proposé à un jury leurs créations. Les idées retenues prennent aujourd’hui forme au sein de différents jardins, dans lesquels l’architecture humaine côtoie en symbiose la végétation. Un univers urbain qui laisse toute sa place à la nature et à sa biodiversité. Le Festival des Jardins est à découvrir jusqu’au 21 octobre.
Rencontre avec Dominique Landucci
L’édition 2017 de Lux Salina avait évolué par rapport à 2016…
C’était une version revue, corrigée et augmentée. On reste sur sept tableaux, sept périodes marquantes de la Saline, qui vont de la création jusqu’aux périodes plus noires. On a rajouté le tableau des forêts parce que sans la forêt, la Saline ne serait jamais à Arc-et-Senans ! Elle est à égale distance de Salins-les-Bains et de la forêt, parce qu’il faut de la forêt pour sécher le sel.
Il s’agit donc de votre troisième année de résidence dans le Doubs à l’occasion de Lux Salina. Avez-vous appris à connaître les us et coutumes de la région, vous qui venez du Sud de la France ?
C’est très important la culture régionale et j’ai appris beaucoup de choses sur la Franche-Comté. Un pays qui a une authenticité due à son histoire: le fait d’avoir été une province espagnole auto-gérée. Quand Louis XIV est arrivé à Arbois et a demandé « Qui est le chef ? » ils ont dit « On est tous chefs ! ». Cela veut dire que c’est un peuple et pas une personne. Cette mentalité-là est aussi dans le spectacle. Je n’aurais pas fait le même spectacle dans ma région niçoise.
Les bénévoles jouent un rôle important dans le projet…
Il y a 750 figurants. J’en prends 200 par spectacle mais ils sont différents à chaque fois. Les gens s’inscrivent quand ils veulent. La grande joie de ce spectacle, c’est le bonheur des gens qui me disent que c’est le rêve de leur vie, de participer à un péplum comme ça. Une caravane du sel déambule à travers le monde et passe à la Saline royale.
Quel est le propos de ce son et lumière ?
Cela ne dit rien d’historique. On est dans l’évocation. Quand on fait écrouler les bâtiments on comprend bien que c’est la guerre. On a un espace qui est immense : 3,25 kilomètres de marche. On ne peut habiter le lieu que par le son et par une masse de gens.
Vous êtes artiste peintre. Cela vous aide-t-il ?
Oui, la scénographie étant une parallèle de mon métier parce que j’ai une formation d’architecte. Le scénographe met en scène tout ce qui n’est pas des personnes. Il n’y a pas de psychologie des personnages mais des tableaux. Les ingrédients du peintre sont l’image, la profondeur, la matière donc j’intègre ces éléments-là dans mes tableaux. Mais des tableaux vivants.
Comment les textes ont-ils été élaborés ?
Avec l’historienne de la saline, Isabelle Sallé, on a pris des textes de Ledoux qui sont d’une actualité brûlante. C’était un révolté. Quand la monarchie lui demandait de faire une manufacture de sel, il faisait un palais. Il disait: « Pourquoi les ouvriers n’auraient pas droit à un palais ? ». On ne l’a pas assimilé à la monarchie parce qu’il a détourné tous les codes pour arriver à une espèce d’harmonie universelle qui était au-dessus des pouvoirs.
Quels sont les retours sur le spectacle ?
J’ai toujours des gens qui pleurent dans la caravane et dans le public, et souvent moi avec ! Il y a des émotions qui ne sont pas maîtrisables, dues aux mouvements de foule, cette émotion collective de gens qui sont engagés totalement dans un spectacle. Un artiste ne sert à rien, s’il n’y a pas ce lien social, ce rapport à l’autre qui fait que ton métier prend sens par rapport à la collectivité.
– Propos recueillis par Caroline Vo Minh –