Joseph Macé-Scaron – La Croix des ténèbres

POLAR

Presses de la Cité 

Parution le 3 avril 2025

Joseph Macé-Scaron était ce week-end au Forum du Livre de Saint-Louis où il a présenté son dernier roman. Par ailleurs journaliste et essayiste, ce dernier avoue avoir “été mordu par la tarentule du polar”, et c’est déjà la troisième aventure qu’il offre à son duo d’enquêteurs fétiches.  

Joseph Macé-Scaron - La Croix des ténèbres - Presses de la Cité - Chronique dans le magazine DiversionsJoseph Macé-Scaron se souvient que le premier roman policier qu’il ait lu était un Simenon, Pietr le Letton, “qui se passait à Fécamp”. Guy de Maupassant l’a aussi beaucoup inspiré. Son intrigue à lui se passe dans une petite ville de province, comme Simenon les affectionnait tant. Dans La Croix des ténèbres, nous sommes à Baugé-en-Anjou, dont la traditionnelle douceur angevine est perturbée lorsque va être retrouvé un morceau de la Vraie Croix du Christ (plus communément appelée Sainte Croix, NDLR). « Il se passe des événements absolument effroyables qui sont peut-être en lien avec cette Vraie Croix”. On retrouve en effet les corps d’un professeur et d’une jeune femme décapités. « On va se rendre compte très vite que cette haine est due à un passé, un passé qui ne passe pas, qui est en train de ressusciter. »

Joseph Macé-Scaron au 42e Forum du Livre de Saint-Louis, 26 avril 2025 – Photo : Diversions

Baugé-en-Anjou, Joseph Macé Scaron y habite depuis peu de temps. « Je crois beaucoup aux vertus du polar enraciné ». La petite musique qui l’a accompagné tout au long de l’écriture, et qu’il recherche à chaque livre, c’est donc dans ce petit village de Normandie qu’il l’a trouvée cette fois. En l’occurrence ici, l’auteur confesse qu’il s’agit du « raclement d’une faux sur un pavé. C’est très important pour moi car c’est une musique qui va se retrouver dans chacun de mes romans. » On chemine une fois encore auprès de Paule Nirsen, archiviste et Guillaume Lassire, capitaine de gendarmerie. “Ils sont amis d’enfance et ont une sorte de relation un peu particulière : tous les deux sont les deux seuls membres d’un département qui s’appelle le département S”. Remisés dans les combles du quai des Orfèvres, “on a même fini par les oublier et ils continuent les enquêtes seuls.” Le personnage de Paule a été inspiré par l’École nationale des Chartes. « Il se trouve que j’ai rencontré par hasard des chartistes, j’ai vu une chartiste et pour moi c’était elle. C’était évident : intellectuellement, dans la méthodologie qu’elle employait mais aussi physiquement : jeune, sportive, pas du tout le rat de bibliothèque et je me suis dit ça va être mon personnage !” Le romancier précise que les chartistes ont lu les romans et ont adoré car ils se considèrent eux-mêmes comme des enquêteurs. L’École nationale des Chartes forme notamment à l’analyse et à la conservation des sources historiques.

La Croix des ténèbres est déjà la troisième enquête menée par Paule et Guillaume, et l’auteur nous confie qu’un quatrième tome arrivera prochainement, se déroulant cette fois à Lyon. Dans le titre du roman il y a une référence implicite à l’opposition entre le Bien et le Mal, ombre et lumière. La Croix des ténèbres, c’est la croix gammée. “Je ne voulais pas mettre la croix gammée bien évidemment, parce que je comprends très bien que ça peut heurter des personnes, et je ne voulais pas qu’il y ait une croix gammée sur la couverture. Ce roman, c’est la lutte permanente et perpétuelle entre l’ombre et la lumière. » Nous parlions de douceur angevine, mais Baugé-en-Anjou est tristement célèbre pour les massacres perpétrés par les révolutionnaires en 1793 lors de la guerre de Vendée, puis par les Nazis durant la seconde guerre mondiale. Historien de formation, c’est en toute logique que Joseph Macé-Scaron s’est amplement documenté pour écrire ce troisième volet. « Il y a des éléments dedans qui ne vont pas faire plaisir : je rappelle des événements historiques et pour la première fois dans un de mes romans policiers, il y a une bibliographie. C’était important pour moi, pour ne pas qu’on s’arrête à la contestation des événements, ce qui aurait pu tuer l’intrigue”. 

Propos recueillis par Caroline Vo Minh au Forum du Livre de Saint-Louis, le 26 avril 2025

www.forumlivre.fr

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