Ce printemps, on va danser au musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon. Ou plutôt, on va regarder les autres danser en étudiant les liens entre dessin et danse. Du ballet aux esthétiques contemporaines, l’exposition explorera également la danse à différentes époques.
Ce sont quelques 250 œuvres qui vont nous permettre ce voyage dans les univers de la danse, avec là encore des formats divers : dessins, peintures et sculptures, carnets de répétition, partitions… Terme inventé en 1700 par Raoul Auger Feuillet avec son ouvrage éponyme (l’un des premiers systèmes de transcription de la danse), la chorégraphie est en premier lieu l’écriture de cette danse. De la page aux mouvements des interprètes dans l’espace, dessin et danse vont entretenir des liens étroits, du XVIIe siècle à nos jours. Six sections vont illustrer ces relations, en commençant par l’écriture de la danse et ses nombreux systèmes de notation, dont les origines remontent au XVIe siècle. Des ouvrages où des dessins gravés vont permettre de transmettre les gestes et les postures aux interprètes, à travers des formes d’écritures diverses: alphabet, signes et représentations figurées. Au XIXe siècle, la photographie va elle aussi documenter le mouvement chorégraphique.

Edgar Degas, La Classe de danse, entre 1873 et 1876 – Huile sur toile,
H. 85,5 ; L. 75,0 cm – Paris, Musée d’Orsay, RF 1976 – Paris, musée d’Orsay
© Grand Palais Rmn (Musée d’Orsay) / Adrien Didierjean
L’exposition présente par ailleurs la danse en tant que fait social, des danses « sociales » ou « de société » que tout un chacun peut apprendre à partir de partitions, à l’image des contredanses de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Grâce à ces recensements précis et exhaustifs d’un ensemble de gestes aboutissant à un spectacle de danse, les chorégraphes peuvent redécouvrir et se réapproprier des chorégraphies oubliées depuis parfois plusieurs siècles (y compris les danses folkloriques). C’est ce qu’illustre notamment la danseuse (et chercheuse) Francine Lancelot, qui va participer au renouveau de la danse baroque dans les années 1970. C’est d’ailleurs à Besançon qu’elle organisera en 1982 le premier colloque portant sur ce thème.
Le ballet sera lui aussi concerné par le dessin, outil indispensable des chorégraphes dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle et au XIXe. Un ouvrage fondateur sera les Lettres sur la danse, par le danseur Jean Georges Noverre. L’inventeur du ballet d’action encourage les maîtres de ballet à s’inspirer des peintures classiques du XVIIe siècle, afin de structurer les groupes de danseurs et leurs attitudes. Plus tard les interprètes eux-mêmes seront invités à se dessiner pour mieux visualiser leurs corps dans l’espace. C’est à cette époque que va naître le ballet romantique avec sa dramaturgie et ses décors. L’exposition n’oublie pas les chorégraphes contemporains, et la manière dont ils utilisent le dessin à différents stades de leur processus créatif à l’image de Suzanne Perrottet, Dominique Bagouet, Carolyn Carlson…
Et pour celles et ceux qui souhaitent prendre part au bal, l’installation La Machine les invitera à une mise en mouvement à partir d’œuvres de chorégraphes du XXe siècle en fin d’exposition !
– Dominique Demangeot –
Chorégraphies. Dessiner, danser / (XVIIe-XXIe siècle), Besançon, musée des beaux-arts et d’archéologie, du 19 avril au 21 septembre
mbaa.besancon.fr