Marine Colard, artiste associée au Théâtre d’Auxerre, présente cet hiver sa nouvelle création qui se penche sur ce que l’on nomme art oratoire. La prise de parole en public mise en dialogue avec la danse.
« La musicalité des langues a une place très importante dans mes créations », explique la chorégraphe, « et dans mon désir de mettre en exergue la musique des voix et des paroles quotidiennes de chacune et chacun. » Marine Colard a d’ailleurs été accompagnée par Pierre Derycke, coach vocal et spécialiste de l’art oratoire. Après une recherche autour du commentaire sportif dans Le Tir Sacré, la danseuse se penche à présent sur un nouveau type de discours. « Transcendance de la parole sur le corps, ou du corps sur la parole ? », s’interroge-t-elle. « Une des questions auxquelles je vais essayer de répondre pendant cette création. »
Le langage peut impliquer un rapport de domination, mais peut être aussi un moyen de s’affirmer, « désir de dépassement de soi » qui est un autre thème cher à Marine Colard. Cette dernière explorera aussi ce qu’elle nomme « les ratés » du langage, qui pourront apporter un côté décalé à la pièce. La scénographie doit aussi « traduire la mise en péril des corps qui vont prendre la parole, un jeu d’équilibre – parfois fragile. » Des cinq disciplines de l’art oratoire définies par Cicéron, l’actio, qui renvoie aux mouvements du corps et au non-verbal, est évidemment ce qui va intéresser en premier lieu la chorégraphe. Quant à la création sonore, elle prend pour matière les voix des interprètes, samplées en direct, ainsi que les sons au plateau. Une composition musicale s’inspire aussi, tout à la fois du baroque, de l’électronique et de la musique concrète. Pour une danse que Marine Colard souhaite (en toute logique quand on parle d’art oratoire) « éloquente ».
– Dominique Demangeot –
Bataille générale, Mâcon, Le Théâtre, 21 et 22 janvier à 20h – theatre-macon.com
Le Creusot, L’Arc, scène nationale, 24 janvier à 20h – larcscenenationale.fr