Peut-être avez-vous l’âge de vous souvenir de Rahan, Fils des Âges Farouches, Ulysse 31 ou encore Les Mondes engloutis, dessins animés qui ont fait les belles heures des programmes jeunesse dans les années 1980. Nina Wolmark en fut la scénariste. Séverine Coulon, directrice de la Minoterie et de la cie Les Bas-bleus, lui a consacré un spectacle.
Ces séries, créées par Nina et Gilbert Wolmark, sont nées suite à la volonté du ministre de la Culture, Jack Lang, d’encourager la création française, distribuées dans le monde entier. La Vie Animée de Nina W. s’inspire du parcours de Nina Wolmark, née en Biélorussie durant la deuxième guerre mondiale. Elle connaît l’exil dès sa naissance, ses parents quittant Varsovie juste avant le surgissement du ghetto. Après des premières années difficiles, Séverine Coulon évoque pour Nina Wolmark « une vie intense faite de plaisirs et de gourmandises, de rencontres et de regards curieux sur le monde ».
La scénariste peut donc être considérée comme un exemple à suivre pour qui souhaite donner libre cours au « potentiel créatif et imaginatif de chacun », comme le dit encore Séverine Coulon. Cette dernière a rencontré Nina W. en juillet 2017 à Dives-sur-mer, lors d’un festival. C’est le parcours fascinant (et inspirant) de la scénariste qui a intéressé Séverine Coulon, et si la pièce n’est pas une biographie, certaines thématiques se rapportent à l’expérience personnelle de Nina Wolmark, notamment autour du langage et du silence. « À 5 ans, confrontée une fois de plus à une nouvelle culture et à une nouvelle langue, elle décide d’arrêter de parler », explique Séverine Coulon. Des thématiques évoquant également la migration (envisagée comme une force), d’autant plus à une époque, la fin des années 1960, où les utopies fleurissaient. La cie Les Bas-bleus a souhaité faire surgir au plateau « une grande épopée, des marionnettes, des machineries », une explosion créative pour combler le vide qu’a représenté le ghetto de Varsovie en 1945. Au plateau, des points, puis une ligne, puis un personnage prenant vie. « En partant du rien, nous arriverons donc à une explosion de matières, de couleurs, de sons et de mouvements inspirés de la culture pop des années 80 », souligne encore Séverine Coulon, qui a fait appel pour la création musicale à Sébastien Troester (dont on a pu écouter récemment la musique dans Filles & Soie).
– Dominique Demangeot –
La Vie Animée de Nina W., Chenôve, Le Cèdre, 6 février à 20h
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