Ronchamp – Fast Fashion Victims à La Filature

À Ronchamp, La Filature accueille à partir du 11 octobre une exposition de Marie Dew, artiste plasticienne qui va évoquer, avec Fast Fashion Victims, le fléau des vêtements achetés à bas coût en Occident, fabriqués dans des usines à l’autre bout du monde.

La Filature de Ronchamp, ancienne usine textile, était bien sûr tout indiquée pour accueillir la proposition de Marie Dew, manière d’art total incluant plusieurs médiums en un seul lieu. L’artiste qui réside à Lure a tout d’abord conçu 23 moulages de robes lors d’une résidence artistique intermittente de 10 mois in situ à Ronchamp, moulages trempés dans du sang animal pour nous parler de ce que l’on nomme aujourd’hui communément la « fast fashion ». L’exposition a reçu le soutien de la Région Bourgogne Franche-Comté, de la Ville de Lure et a été montée en partenariat avec l’Association Chantiers Environnement. La Filature soutient également le projet par l’accueil de l’artiste qui a pu travailler (et expérimenter !) durant presque un an sur ses moulages. « Je vais suspendre ces robes comme des fantômes, l’idée est de représenter les fantômes des femmes qui décèdent en Inde et au Bengladesh dans les usines de confection », explique l’artiste. Référence à un effondrement d’usines textile en 2023 au Bengladesh dans lequel un millier de femmes (pour la plupart) sont décédées. L’installation, complétée par 11 machines à coudre anciennes, a pour titre Remember Rana Plaza, du nom de l’usine qui s’est effondrée. Des œuvres qui illustrent les pertes humaines occasionnées par la fabrication textile à bas coût, où les règles de sécurité les plus élémentaires ne sont pas respectées. S’ajoutent à cela bas salaires, travail des mineurs, pollution…

Fast Fashion Victims – Une performance de Marie Dew Caméra : Francis Malapris (capture d’écran)

Mais l’exploration ne s’arrête pas là. Marie Dew a également mené une performance autour de cette thématique en 2021, immortalisée en vidéo immersive par le photographe Francis Malapris, une œuvre à part entière nourrie du regard de ce dernier. Une vidéo qui bénéficiera d’une bande sonore élaborée par pH et Marie Dew. Performance pour le moins organique puisque l’artiste emploie du vrai sang animal, dans lequel sont trempées des robes blanches dont le corps de Marie va être recouvert. « Ça crée comme des paysages sur le corps quand ça ruisselle. Le fait que ce soit du vrai sang implique que je ne suis pas en train de jouer, je suis vraiment en train de vivre le truc ! »

Une performance où l’hémoglobine sur les robes et le corps de l’artiste prend tout son sens (son sang ?). « C’est une performance assez saisissante, qui avait scotché les gens », explique Marie Dew qui veut susciter chez le public « une réflexion personnelle qui permettra peut-être de consommer autrement, éthiquement.» La vidéo sera diffusée en continu durant l’exposition, sur trois écrans, complétée par une série de photographies. « J’ai aussi invité des collègues photographes du Centre de Ressources Photographie de Lure à venir prendre des photos durant toute l’année qui vient de s’écouler.» Il s’agira d’images en plans rapprochés des moulages et d’un diaporama making-of de la résidence. L’association Éthique sur l’étiquette sera par ailleurs invitée lors du vernissage, pour évoquer les droits humains au travail. Un esprit art total, disions-nous, d’autant que Marie Dew rejouera sa performance en live, lors du vernissage du 11 octobre à 20h, l’occasion de rappeler que le corps est au centre de sa démarche artistique, en tant que photographe… et modèle.

– Dominique Demangeot –

Fast Fashion Victims, Ronchamp, La Filature (Les Sheds Expo), du 11
au 20 octobre – Vernissage le 11 octobre à 18h + Performance de Marie Dew à 20h – Du mardi au samedi de 14h à 18h, dimanche de 10h à 18h
lafilaturederonchamp.fr

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