Colmar – Couleur, Gloire et Beauté au Musée Unterlinden


La peinture du Rhin supérieur aux XVe et XVIe siècles est à l’honneur au Musée Unterlinden. Cette première exposition d’art ancien depuis 2008 s’inscrit dans le projet « Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550) » mené en partenariat avec l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), le musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon et le musée des Beaux-Arts de Dijon.

Entourage de Nikolaus Schit, La Vierge à l’Enfant à la pomme, vers 1500, huile
sur bois (sapin, albies alba) © Musée
Unterlinden. Photo : Le Réverbère / Mulhouse

Ce volet colmarien se compose de plus d’une soixantaine d’œuvres, l’occasion d’admirer quelques chefs d’œuvres de maîtres à l’image de Martin Schongauer, Albrecht Dürer ou encore Hans Baldung Grien. Datant de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, ces toiles sont présentées au public dans le cadre d’un parcours, explorant en préambule les techniques employées par les artistes, à l’image des panneaux peints, et notamment le fameux Retable d’Issenheim restauré entre 2018 et 2022. Ce sera aussi l’occasion d’évoquer la place centrale de la religion dans la vie quotidienne à la fin du Moyen Âge. Une deuxième section de l’exposition va s’intéresser aux différents acteurs de la création : peintres et sculpteurs, huchiers (menuisiers) sans oublier les commanditaires, sans qui les artistes ne
pourraient vivre de leurs talents !

On assiste à une véritable « dynamique artistique de la production picturale dans le Rhin supérieur entre 1450 et 1540 », comme le montre l’exposition. À l’époque, Colmar, Strasbourg, Fribourg et Bâle regroupent la majorité des ateliers de peintres. La demande est forte, mais le conservatisme encore de rigueur aux alentours de 1450-1460, même si certaines libertés artistiques, des particularismes se font jour, à l’image du travail de Caspar Isenmann à Colmar vers 1460, avec des œuvres expressives et détaillées. Il faut attendre Martin Schongauer (vers 1450-1491) pour voir se former un pont avec la tradition flamande, « figures réalistes [aux] attitudes délicates et [aux] expressions douces, marquant leur caractère divin, et héritées de peintres locaux de la génération précédente ». Comme Dürer, Martin Schongauer exercera une forte influence sur ses contemporains. Au début du XVIe siècle, le Strasbourgeois Hans Baldung Grien va ouvrir la peinture à de nouveaux thèmes et de nouvelles formes, s’inspirant notamment du maniérisme italien, art sophistiqué étirant les figures et prenant des libertés avec la réalité. Une dernière partie de l’exposition traite du peintre Wilhelm Stetter (vers 1487-1552), prêtre de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem exécutant des scènes religieuses, gorgées de détails dans les visages et les costumes. Cette exposition colmarienne, qui va explorer matériaux et styles, se veut par ailleurs particulièrement ouverte sur un public familial, en livrant des clés de compréhension tout au long d’un parcours spécialement étudié pour les 7-12 ans, mais aussi le grand public.

– Paul Sobrin –

Couleur, Gloire et Beauté – Peintures germaniques des collections françaises (1420-1540), Colmar, musée Unterlinden, du 4 mai au 23 septembre
musee-unterlinden.com

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